20/09/2020

Monsieur Teste


Non, je ne vais pas parler d'un type qui en teste un autre...
Mais dernièrement, devant me rendre en voiture dans un quartier de Montpellier où je n'avais encore jamais mis les pieds, j'ai demandé à mon GPS de m'indiquer le meilleur itinéraire. Arrivé sans encombres à l'entrée de la capitale septimanienne, j'ai dû passer quatre fois dans l'avenue de "Monsieur Teste" censée se trouver à proximité de ma destination finale, sans être fichu d'y parvenir. A devenir fou !...


Par la suite, enfin arrivé à bon port, je me suis étonné de ce curieux nom de rue. Pourquoi "Monsieur" au lieu d'un prénom comme par exemple avenue Victor Teste ou Auguste Teste ? 
A-t-on déjà vu une rue "Monsieur Hugo" ou "Monsieur de Gaulle" ? 
Bref, bien plus tard, j'ai voulu savoir qui était ce "Monsieur Teste" et j'ai découvert qu'il s'agissait du titre d'un essai philosophique et autobiographique intitulé "La soirée avec Monsieur Teste", écrit en 1893 par Paul Valéry alors âgé de 22 ans.


"La bêtise n'est pas mon fort." Le narrateur, Edmond Teste, c'est à dire Paul Valéry lui-même, commence par cette affirmation. C'est un homme tourmenté qui aurait pu être célèbre. Mais, dit-il, "je me suis préféré". Il rêve "que les têtes les plus fortes, les inventeurs les plus sagaces, les connaisseurs le plus exactement de la pensée devaient être des inconnus, des avares, des hommes qui meurent sans avouer."

Valéry/Teste était manifestement dépressif. Devenu le poète officiel de la Troisième République, il écrira en 1926 une suite à "La Soirée avec Monsieur Teste" publiée trente ans plus tôt. Une sorte d'autobiographie, véritable bric-à-brac imbitable. 


Pas étonnant, dans une avenue portant le nom d'un tel personnage, que j'aie eu tant de difficulté à trouver mon chemin !