Aujourd'hui, vous aurez droit à deux chansons pour le même prix.
J'ai entendu la première dans une boîte de nuit de Port-Gentil au Gabon en 1965. Elle était l’œuvre de Serge Gainsbourg et c'est Sacha Distel qui l'interprétait :
Quand Mamadou, Mamadou m'a dit
"Toi, mon colon, pas faire long feu ici"
J' lui ai dit "Oh oh, Mamadou, fais ton boulot"
Et je me suis remis à gratter mon banjo
Quand Mamadou, Mamadou m'a dit
"Toi, pauvre blanc, compter tes abattis"
J' lui ai dit "Oh oh, Mamadou, range ton couteau"
Et je me suis remis à gratter mon banjo
Quand Mamadou, Mamadou m'a mis
Sur la figure la crosse de son fusil
J' lui ai dit "Eh ho, Mamadou, fais pas l'idiot"
Et je me suis remis à gratter mon banjo
Quand Mamadou, Mamadou m'a ti-
ré dans le dos, du coup j'ai réfléchi
Je m' suis dit "Oh oh, par ici j' ferai pas d' vieux os"
J'ai pris mon fusil, mon couteau et mon banjo
Et le premier bateau... hop !
J'ai découvert la seconde chanson un peu plus tard. Elle a été écrite, composée et interprétée par le regretté François Béranger en 1979.
Je vous en ai choisi cette superbe interprétation du groupe Raoul Petite en 2008.
Je vous en ai choisi cette superbe interprétation du groupe Raoul Petite en 2008.
Mamadou m'a dit, :
"On a pressé le citron, on peut jeter la peau."
Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit:
"On peut jeter la peau."
Les citrons, c'est les négros,
Tous les bronzés d'Afrique,
Sénégal, Mauritanie,
Burkina, Togo, Mali,
Côte d'Ivoire et Guinée,
Benin, Maroc, Algérie,
Cameroun et tutti quanti,
Les colons sont partis
Avec des flonflons,
Des discours solennels,
Des bénédictions.
Chaque peuple, c'est normal,
Dispose de lui-même
Et doit s'épanouir
Dans l'harmonie.
Une fois qu'on l'a saigné
Aux quatre veines,
Qu'on l'a bien ratissé
Et qu'on lui a tout pris.
Mamadou m'a dit,
"On a pressé le citron, on peut jeter la peau."
Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit:
"On peut jeter la peau."
Les colons sont partis.
Ils ont mis à leur place
Une nouvelle élite
De noirs bien blanchis.
Le monde blanc rigole.
Les nouveaux, c'est bizarre.
Sont pire que les anciens.
C'est sûrement un hasard.
Le monde blanc rigole
Quand un petit sergent
Se fait sacrer Empereur
Avec mille glorioles.
Après tout, c'est pas grave.
Du moment que les terres
Produisent pour les blancs
Ce qui est nécessaire.
Le coton, l'arachide,
Le sucre, le cacao
Remplissent les bateaux,
Saturent les entrepôts.
Mamadou m'a dit:
"On a pressé le citron, on peut jeter la peau."
Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit:
"On peut jeter la peau."
Après tout, c'est pas grave.
Les colons sont partis.
Que l'Afrique se démerde.
Que les paysans crèvent.
Les colons sont partis
Avec dans leur bagages,
Quelques bateaux d'esclaves
Pour ne pas perdre la main
Quelques bateaux d'esclaves
Pour balayer les rues.
Ils se ressemblent tous
Avec leur passe-montagnes.
Ils ont froids à la peau
Et encore plus au cœur.
Et comme il faut parfois
Manger et puis dormir
Dans des foyers taudis,
On vit dans le sordide.
Mamadou m'a dit:
"On a pressé le citron, on peut jeter la peau."
Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit:
"On peut jeter la peau."
Et puis un jour, la crise
Nous envahit aussi
Qu'on les renvoie chez eux.
Ils seront plus heureux
Qu'on leur donne un pourboire.
Faut être libéral
Et, quant à ceux qui râlent,
Un bon coup de pied au cul.
Vous comprenez, Monsieur,
C'est quand même pas normal.
Ils nous bouffent notre pain.
Ils reluquent nos femmes.
Qu'ils retournent faire les singes,
Dans leur cocotiers,
Tous nos bons nègres à nous
Qu'on a si bien soignés
Et puis, ce qui est certain,
C'est qu'un rien les amuse.
Ils sont toujours à rire.
Ce sont de vrais gamins.
Mamadou m'a dit :
"On a pressé le citron, on peut jeter la peau."
Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit:
"On peut jeter la peau."