04/03/2018

Souvenirs du Cameroun





Parmi mes nombreux souvenirs, il y a tout d'abord les tracasseries administratives, le Cameroun étant par exemple le seul pays d'Afrique francophone qui exigeait un visa d'entrée sur son territoire aux ressortissants français.


Puis, ce fut l'atmosphère poisseuse de buanderie que j'ai trouvée à Douala quand je suis arrivé la première fois dans la capitale économique du Cameroun. Une chaleur torride, humide, parfois difficile à supporter.

Je me souviens ensuite de l'hôtel Akwa Palace, mon premier pied-à-terre à Douala.




Agip - la station de mon copain Auguste Manganiotis, située en face de l'Akwa Palace

Professionnellement, je garde le souvenir des nombreuses sociétés d'import-export grecques avec lesquelles j'ai travaillé, comme les maisons Tsékénis, Kritikos, Rossidès, Mavromatis, Despotakis, Assanakis ou Paterson Zochonis. Ces commerçants grecs et les grandes compagnies étaient concurrencés par les Bamilékés, un peuple très actif, enrichi par un sol généreux où il avait développé des plantations de café, cacao, thé et bananes. 




Reconnus pour leur sens légendaire de l'épargne, les Bamilékés représentaient près de la moitié de la population de Douala où ils avaient fait main basse sur la presque totalité du commerce. Quelques uns, Samuel Kouam, Joseph Kadji Defosso, Luc Monthé, Victor Fotso, Kontchupe ou Maurice Kamgaing, possédaient d'ailleurs de florissantes affaires commerciales.

Je me souviens du pont sur le Wouri d'où l'on peut espérer voir le Mont Cameroun qui dresse ses 4100 mètres d'altitude lorsque le sommet du volcan n'est pas masqué par des nuages.

Le pont sur le Wouri

Construit à l'époque coloniale et inauguré en 1955, le pont du Wouri était l'un des plus longs ponts d'Afrique. Il reliait Douala à Bonabéri et ses bananeraies, puis la route menait ensuite à n'Kongsamba, en pays bamiléké et au Cameroun occidental anglophone. 


Douala, au bord du Wouri - mars 1964

Je me souviens de Manu Dibango qui tenait en 1964 le "Chantaco", une boite nuit située sur la route de l'aviation. Il n’était alors pas encore le saxophoniste mondialement connu qu’il est devenu... 



Deux ou trois ans plus tard, je l’ai retrouvé dans une autre boîte (dont j'ai oublié le nom) de la rue Pau, en plein quartier chaud de Douala, le fameux quartier Mozart, derrière l'Akwa Palace. 

Les dames de la rue Pau





Souvenir de mon ami Martial Juquin


Puis il a eu notre installation en 1969 dans une magnifique villa toute neuve, sur l'avenue de Gaulle près de l'Aviation. Pour permettre à mon épouse de retrouver la vie qu'elle avait toujours connue en Afrique, j'avais quitté General Foods France et abandonné les voyages autour du monde et créée à Douala l'agence africaine de représentation de marques "Pierson Meunier Cameroun".

***

Mais mon plus beau souvenir de Douala restera la naissance de mon fils Frédéric. J'étais alors le plus heureux des hommes. J'avais un job formidable et mon adorable épouse m'avait donné le plus beau bébé du monde.









Et puis, cette même année, il y a eu cette cargaison de bière Breda frelatée que la brasserie que je représentais n'a jamais voulu rembourser aux importateurs...



... tous les problèmes qui s'en suivirent m'ont finalement amené à quitter définitivement le Cameroun.


Adieu Douala !




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Le 3 décembre 1995, le Boeing 737 de Cameroon Airlines immatriculé TJ-CBE et baptisé "Nyong", effectuait le vol 3701 reliant Cotonou au Bénin à Douala, la capitale économique du Cameroun. 
Alors que le pilote tentait un second atterrissage après un essai infructueux sur l'aéroport, l'avion transportant 71 passagers et 5 membres d'équipage s'est écrasé dans la mangrove de Youpwe, une zone de marécages difficilement accessible par la route. Les premiers secours, des pêcheurs venus en pirogue des villages environnants n'ont pu accéder au lieu du crash qu'une heure après la catastrophe. 
Il n'y eut que 5 survivants. 

Dans la liste des 71 victimes se trouvait le nom de Georges Delchambre, lequel m'avait succédé à la direction de la société Pierson Meunier Cameroun que j'avais créée en 1969. 

RIP


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Addenda

L'agence de représentation de marques "Pierson-Meunier-Cameroun" que j'avais créée à Douala en 1969 pour le compte de Pierson-Meunier & Cie a connu une évolution marquée par des changements de nom, des reprises et une continuité d'activité au Cameroun, sans signe de dissolution formelle. 
Fondation et débuts (1969-1995) : Créée sous ma direction en 1969 à Douala, l'agence opérait comme une filiale locale de Pierson-Meunier & Cie (la maison-mère française fondée en 1925 par Hendrik Pierson et associée à Meunier en 1945). Elle représentait des marques alimentaires et de consommation pour les marchés africains francophones, notamment le lait concentré "Bonnet Rouge" et la bière "Breda". Georges Delchambre m'a succédé à la tête de cette entité peu après sa création. L'agence a continué ses opérations au Cameroun jusqu'au moins 1995, date à laquelle Delchambre a péri dans le crash du vol CamAir 3701 (le 3 décembre 1995 à Douala), sans que cela n'interrompe les activités.
Période de transition (1995-2004) : La société, toujours dénommée Société Pierson Meunier Cameroun SARL, était active en 2002, comme en témoigne un litige commercial devant la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage de l'OHADA. Elle faisait l'objet d'une saisie-arrêt sur ses comptes bancaires par la Société Commerciale et Industrielle du Cameroun (SOCINCAM), mais la Cour d'Appel du Littoral à Douala a levé cette saisie, et le pourvoi en cassation de SOCINCAM a été déclaré irrecevable. Cela confirme son existence opérationnelle et sa présence à Douala (avec des comptes à la CCEI Bank et SCB Crédit Lyonnais). En parallèle, la maison-mère française (Pierson Meunier & Cie) a été reprise en 1997 par Alain  Barbier, qui a diversifié les activités (rachat de marques comme ABC en 1997 et Interepco en 2003 pour l'outillage). 
Changement de nom et modernisation  : Fin 2004, la maison-mère change de raison sociale et devient Pierson Export (spécialisée dans l'export de produits alimentaires, industriels et fournitures vers l'Afrique et les DOM-TOM). Cette transformation s'étend logiquement aux filiales, et l'agence camerounaise opère désormais sous l'égide de Pierson Export Cameroun. L'entreprise a continué à se développer en Afrique, avec un focus sur la sécurité alimentaire (création du fonds SEED en 2009 pour soutenir l'agriculture en Afrique subsaharienne). Au Cameroun, elle gère toujours des marques alimentaires (ex. : lait en poudre Hoogwegt, riz parfumé "Jumbo Eléphant" en 2003, et partenariats avec des distributeurs locaux). 
Statut actuel Pierson Export Cameroun est toujours active à Douala, impliquée dans le négoce et la distribution de produits alimentaires pour le marché camerounais. Des litiges récents (2021-2023) confirment son opérationnalité : par exemple, des affaires judiciaires avec Africa Food Distribution (AFD) et Hoogwegt International sur des contrats d'exclusivité et de distribution de lait en poudre au Cameroun, jugées par la Cour de cassation française et la Cour d'appel de Paris. Une professionnelle (Prudence Tamo Tchuinguia) y a même travaillé en 2018-2019 sur des modules SAP. La maison-mère française (Pierson Export, SIREN 562 044 347) est basée à Neuilly-sur-Seine et gère un portefeuille de marques (PepsiCo, Andros, Bonduelle, etc.) pour l'Afrique francophone. Elle n'a pas de cessation d'activité enregistrée et continue ses exportations vers le Cameroun. 
En résumé, l'agence que j'avais créée n'a pas disparu : elle a été intégrée et renommée au sein de Pierson Export, et persiste comme entité locale au Cameroun, avec une activité soutenue sur plus de 50 ans. 
(Source Grok)