31/03/2017

La T.S.F.


Avant que la télévision vienne trôner dans notre salle à manger (à la fin de l'année 1956) c'est la T.S.F, un bon vieux poste à lampes, qui accompagnait notre quotidien.
Ma mère était une lève-tôt. L'une de ses devises préférées était d'ailleurs "Kto rano wstaje temu pan bóg daje", ce qui veut dire en bon français que le bon Dieu donne (sans préciser quoi) à celui qui se lève de bon matin.  Aussi, dès six heures trente allumait-elle le poste calé sur Radio-Luxembourg. 
Et je me réveillais sur :


Le soir, il ne fallait surtout pas manquer "La famille Duraton", un feuilleton mettant en scène les aventures quotidiennes d'une famille de Français moyens. C'était alors un véritable phénomène de société. 





Il y avait le père, Ded Rysel, qui avait été par ailleurs le fameux Piédalu...


... et la mère était interprétée par Yvonne Galli. Jean-Jacques Vital, dont certains prétendaient qu’il était l’héritier des meubles Lévitan...


... prêtait sa voix au fils Duraton, tandis que Jacqueline Cartier jouait le rôle de son épouse. Et enfin, mon préféré, c’était l’ami de la famille, Gaston Duvet, un benêt magistralement interprété par Jean Carmet.



Je connaissais alors toutes les "réclames", souvent mises en musique comme celle de Lévitan...

♫ Bien l'bonjour m'sieur Lévitan
Vous avez des meubles qui durent longtemps...♫

... sur l'air de "Bien l'bonjour madame Bertrand".

Sans oublier les pantoufles du docteur Jéva...


... ou la Boldoflorine, la bonne tisane pour le foie qui patronnait le très populaire feuilleton dominical "Le lampiste Leguignon" avec Yves Deniaud...




Il y avait encore la réclame tonitruante du shampooing Dop. Avec en particulier le Radio-Crochet animé par Zappy Max à la célèbre voix métallique, émission réalisée dans le camion d'enregistrement de Radio-Luxembourg. Le meilleur chanteur du jour était acclamé par la foule avec la ritournelle : 

♫ DOP, DOP, DOP, il est adopté par DOP ♫

Tandis que ceux qui chantaient faux étaient virés au son de :

♫ Allez donc vous faire laver la tête, 
avec DOP c'est toujours un plaisir, 
DOP, DOP, DOP ♫
 



Zappy Max qui fut pendant des années le Monsieur Loyal de Radio Circus...



Souvenirs...


29/03/2017

Rita Hayworth

C'est encore mon copain de colo, Raymond Jacquemart, qui m'avait fait découvrir celle qui allait devenir l'idole de mon enfance.









 
Rita Hayworth pendant le tournage de "Gilda" en 1946








Je me souviens avoir été très-très déçu quand j'ai appris qu'elle s'était mariée avec le prince Aly Khan que je trouvais moche et vieux (mais très riche)...









28/03/2017

Le p’tit bonheur ♫

Félix Leclerc a interprété cette chanson pour la première fois en 1948 à Montréal, dans la pièce "Au Petit Bonheur" qu’il avait lui-même écrite et mise en scène. 


Mais c’est à l’ABC de Paris que la chanson triomphera en 1951.
Cette année-là, Raymond Jacquemart, mon copain à la colonie de vacances "Les Mouettes", me la fera connaitre et elle est restée depuis gravée dans ma mémoire.



C'était un p'tit bonheur que j'avais ramassé
Il était tout en pleurs sur le bord d'un fossé
Quand il m'a vu passer il s'est mis à crier
Monsieur ramassez-moi chez vous emmenez-moi
Mes frères m'ont oubliés, je suis tombé, je suis malade
Si vous ne me cueillez point je vais mourir quelle balade
Je me ferai petit tendre et soumis je vous le jure
Monsieur je vous en prie délivrez-moi de ma torture

J’ai pris le p'tit bonheur l'ai mis sous mes haillons
J'ai dit, faut pas qu'y meure "viens-t-en dans ma maison"
Alors le p'tit bonheur a fait sa guérison
Sur le bord de mon cœur y'avait une chanson
Mes jours, mes nuits, mes peines, mes deuils, mon mal tout fut oublié
Ma vie de désœuvré j'avais dégoût d'la recommencer
Quand il pleuvait dehors ou qu’mes amis m'faisaient des peines
J'prenais mon p'tit bonheur et j'lui disais c'est toi ma reine

Mon bonheur a fleuri il a fait des bourgeons
C'était le paradis ça s'voyait sur mon front
Or un matin joli que j’sifflais ce refrain
Mon bonheur est parti sans me donner la main
J'eus beau le supplier le cajoler lui faire des scènes
Lui montrer le grand trou qu'il me faisait au fond du cœur
Il s'en allait toujours la tête haute, sans joie, sans haine
Comme s'il ne pouvait plus voir le soleil dans ma demeure

J'ai bien pensé mourir de chagrin et d'ennui
J'avais cessé de rire c'était toujours la nuit
Il me restait l'oubli il me restait l’mépris
Enfin que j’me suis dit il me reste la vie
J'ai repris mon bâton, mes deuils, mes peines et mes guenilles
Et je bats la semelle dans des pays de malheureux
Aujourd'hui quand je vois une fontaine ou une fille
Je fais un grand détour ou bien je me ferme les yeux
Je fais un grand détour ou bien je me ferme les yeux

27/03/2017

Les mouettes

Il ne s’agit pas de ces mouettes-là…



 … mais de la colonie "Les mouettes" où, de 1949 à 1955, j’ai passé chaque année six semaines de vacances d'été.


Colonie "Les mouettes" - Le Hôme-sur-Mer
 
C'était dans le Calvados, au bord de la Manche, à Cabourg, ou pour être plus précis, au Hôme-sur-Mer, la petite ville voisine. 






Ces vacances étaient destinées aux enfants du personnel de la fonderie Cromback où ma mère avait continué à travailler après le décès de mon père. 
En 1949, j’étais le plus jeune d’une trentaine de garçons aux cheveux coupés en brosse, parmi lesquels mon frère Edmond, âgé de 14 ans, allait atteindre la limite d’âge cette année-là. 






Nous étions installés dans une magnifique villa restaurée après la guerre et qui avait été construite à côté d’un ancien préventorium aux murs percés de trous d’obus, dont la toiture s’était envolée, les fenêtres et portes arrachées, que squattaient de misérables familles de pêcheurs que nous voyions tirer chaque jour leurs filets sur la plage.




Je n'avais jamais vu la mer auparavant.




Nous nous baignions deux fois par jour et, sous la houlette de nos jeunes monitrices, nous nous baladions dans les dunes, les bois de pins, et ramassions des douilles de mitrailleuses allemandes en explorant les nombreux blockhaus disséminés le long de la côte. 



Chaque matin, nous assistions à la montée du drapeau bleu-blanc-rouge en chantant : 
♫Je t’aime, ô ma Patrie, 
Pour tes monts neigeux et fiers ♫...

ou
 

♫ Seigneur accorde ton secours 
Au beau pays que mon cœur aime 
Celui que j'aimerai toujours 
Celui que j'aimerai quand même. 
Tu m'as dit d'aimer et j'obéis, 
Mon Dieu protège mon pays♫...

... le soir, avant de monter au dortoir, c'était :

♫Avant d’aller dormir sous les étoiles 
 Doux Maître, humblement, à genoux, 
Tes fils t’ouvrent leur cœur sans voile, 
Si nous avons péché, pardonne-nous. 

 Éloigne de ce camp le mal qui passe, 
Cherchant dans la nuit son butin. 
Sans toi, de toutes ses menaces, 
Qui nous protégera, berger divin ? 

 Protège aussi, Seigneur, ceux qui nous aiment, 
Partout garde-les du péril. 
Pitié pour les méchants eux-mêmes 
Et paix à tous nos morts ! Ainsi soit-il ♫...




... et nous portions notre plus bel uniforme orné de l’écusson brodé "Les Mouettes" pour nous rendre le dimanche matin à la messe dans la petite église du village.



Pendant six années, je suis donc revenu chaque été à la colonie "Les mouettes" jusqu’à ce que je fasse à mon tour partie des grands. 

La dernière année, j’avais alors 14 ans, je suis tombé amoureux fou d’une des monitrices. Elle s'appelait Carmen. Une "vieille" d’environ 25 ans, extraordinairement belle, qui m’avait permis de l’embrasser sur les lèvres. 
Les vacances terminées, elle est allée rejoindre Joséphine Baker aux Milandes pour l'aider à s’occuper de ses enfants adoptifs. 
Je ne l'ai jamais revue.






RIP


***



Commentaires :
- Par hasard je suis tombé sur votre blog. J'ai été moi même a la colonie de 1952 à 1956 et je réalise que cela a eu une influence certaine sur mon éducation. Peut être avons nous été là bas en même temps. A l’époque j'habitais la Sarthe. Lire votre blog m'a vraiment m'a vraiment fait plaisir. Je m'appelle Joel Stanchina. Très sincèrement.
- Tu parles d'une surprise!!! Tu faisais donc partie de l'équipe "Champaissant", tandis que moi j'étais parmi les "Parigots-têtes-de-veaux". Lors de ma dernière année de colo en 1955 (j'avais atteint la limite d'âge...) la directrice s'appelait madame Sheyman (je ne garantis pas l'orthographe) et j'étais amoureux-fou d'une monitrice prénommée Carmen. Je me souviens des visites de la mère Cromback, véritables revues de casernement..., de la plage, des dunes, de nos uniformes... C'est là que j'ai appris à nager et à vivre en société. Par la suite je suis revenu souvent passer quelques jours me ressourcer à Cabourg. Quelques noms me reviennent en mémoire : Gérard Foucray, les frères Bonhomme, Fougeray, un certain Gaston Dulonpont, mais si le prénom de Joël me dit quelque chose, je n'arrive pas à mettre un visage dessus. Cela me ferait plaisir d'en savoir plus sur toi. Bien cordialement. François Sobieraj

- Merci d'abord d'avoir repondu a mon message. C'est interessant de connaitre les sentiments de quelqu'un sur une experience commune. J'ai toujours eu conscience que la colonie avait eu un effet durable alors que je m'y suis souvent ennuye.J'avais besoin de plus d'action, et je me souviens d'avoir envie les gosses des autres colonies quand ils passaient sur la plage ou dans les grandes dunes. Ils avaient peut etre l'air depenaille mais ils semblaient libres. Je ne me souviens pas de toi . Tu as 5 ans de plus que moi. Mon frere Jean Michel qui a 72 ans ne se souvient pas non plus mais cela fait tellement longtemps. En lisant ton blog j'ai tout de suite pense que tu etais de la region parisienne. Connaissant tout le monde a St Cosme/Champaissant je ne voyais pas qui aurait pu l'ecrire. Dans ta reponse tu m'as surpris en disant que tu voulais en savoir plus sur moi. Evidemment j'ai recherché l'internet sur toi et de ce fait j'en connais plus sur toi et sur ton travail d'auteur et de peintre. Felicitation. Quant a moi bien que je sois sur Facebook and LinkedIn je n'y ai mis aucune information. Au fait l'usine de Champaissant fonctionne encore et elle fait partie maintenant du groupe Alcoa. Madame Scheman habitait a Champaissant. Je me suis toujours demande d'ou venaient les Cromback. Je n'ai jamais reussi a avoir beaucoup de details sur eux. Quand j'ai parle avec mon frere a propos de notre communication Il m'a dit se souvenir d'un Jacquemar. Quant a moi je me suis toujours souvenu d'un Martinet qui m'enervait (bien que cela ne soit pas de sa faute) car il recevait des tonnes de lettres alors que je n'en recevais qu'une par semaine. Je suis retourne a la colonie en tant que monitor en 1963 J'ai ete etudiant pendant tres longtemps. Apres donc des etudes que je qualifirais de sinueuses j'ai fini avec un diplome de Docteur en Medecine de l'Universite de Nancy. Ma femme etant americaine (nous nous sommes marie en 1973) nous sommes donc partis a New York ou j'ai fait un internat de medicine interne et ensuite une specialite de Nephrology. Je viens de prendre ma retraite apres avoir exerce a Brooklyn (un des quartiers de NY) pendant plus de 30 ans et j'habite dans le Queens (une autre partie de la ville de NY). Je ne suis pas encore habitue a la retraite. Le travail ne me manqué pas du tout mais il faut que je trouve quelque chose de significatif a faire. J'aime bien rencontrer des gens et discuter; c'est sans doute pourquoi j'ecrit ce mail. En Octobre dernier j'ai visite ma famille qui habite au Mans dans la Sarthe et nous avons ete manger a Honfleur. Sur le retour nous avons fait un crochet par le Home sur Mer pour voir la colonie. Il y a maintenant un portail a l'entree du chemin qui empeche de voir a l'interieur de la propriete. J'ai ete tente de sonner mais je ne l'ai pas fait et je le regrette un peu.Tres sincerement Joel Note: s'il n'y a pas d'accent dans mon texte c'est que mon clavier n'en a pas.   

Champaissant - L'usine Cromback





25/03/2017

La maternelle

Mes plus anciens souvenirs concernent l'école maternelle de Chatou. J'avais trois ans la première année. C'était pendant la guerre. 
Je me rappelle que mes frères aînés m'y accompagnaient lorsqu'ils se rendaient à l'école Paul Bert en me trimballant dans un horrible vieux landau à grandes roues, caisse suspendue et capote à soufflets pour m'éviter la marche à pied. Car il y avait bien deux bons kilomètres à parcourir depuis notre maison. Ils rangeaient la voiture d'enfant sous le préau et le récupéraient le soir en venant me chercher. 
J'avais honte. Dans la cour de récréation, certains petits copains se moquaient de moi et me traitaient de bébé. 

Année scolaire 1944-45

Par la suite, en allant au travail très tôt le matin, maman m'emmenait sur le porte-bagage de son vélo et me déposait chez madame Reynaud, une femme de charge de l'école. Déjà âgée, elle était adorable et je la considérais un peu comme ma grand-mère. Elle me faisait manger une tartine de pain beurré accompagnée d'un bon chocolat chaud en attendant l'heure de me conduire à l'école qui se trouvait à deux pas de chez elle.

Carte postale ancienne de l'école maternelle de Chatou située à l'angle de l'avenue Ernest Bousson et de la rue du docteur Rochefort.

La directrice de l'école maternelle s'appelait madame Delfour. Elle avait un air sévère mais était très gentille avec moi. C'est elle qui m'a appris à lire et à écrire.

Année scolaire 1945-46

J'ai gardé en mémoire le nom de quelques élèves de la maternelle, Michel Ressouche, Arlette Peters ou Édouard Grand. 


Après la Libération de Chatou, à la rentrée des classes 1944, je me souviens des soldats américains qui, passant en camion devant la cour de l'école maternelle, nous jetaient à travers les grilles des tablettes de chewing-gum. 


Bien des années plus tard, j'en ai retrouvé le parfum. Une sensation qui a fait resurgir des tréfonds de ma mémoire ces lointains souvenirs chargés d'émotion. Une sorte de madeleine de Proust...




24/03/2017

Bons baisers de Chatou


Située à une douzaine de kilomètres de Paris, au bord de la Seine, la ville de Chatou est séparée à l'est de Rueil-Malmaison par la Seine. Elle est limitrophe avec le Vésinet à l'ouest, Croissy au sud, Montesson et Carrières-sur-Seine au nord.


De ma ville natale, je garde surtout le souvenir de l'école Paul-Bert où j'ai fait toute ma scolarité primaire et secondaire...
 
Une classe du "père Ducrouton" dans les années 50.

... et puis, il y avait tous ces coins de la ville où je suis passé tant de fois...

La mairie

La gare de Chatou-Croissy

La civette de la gare


La salle des fêtes, lieu de ma première expo de peinture



Rue de la Paroisse, restaurant "Bergeronnette"


Barrage de Chatou





La Coquille de Soufflot, construite en 1775 pour le dernier seigneur de Chatou, Henri de Bertin, ministre de Louis XV et de Louis XVI.






... Chatou où finalement j'ai été amené à m'installer en 1965.

1, rue Maurice de Vlaminck, Chatou



En souvenir de mon vieux copain Milo

Source deces.politologue.com


Avec une pensée affectueuse pour Michèle Bézert, Nanou Bastère et Naïg Le Dorze.