Lorsque je me suis rendu pour la première fois à Madagascar (Madame Gaspard, comme disait l'un de mes profs de géographie dans ma jeunesse), j'avais atterri à Arivonimamo.
Il y avait alors près de 60 kilomètres à parcourir entre l'aéroport et Tananarive par une route traversant les paysages riches en couleurs et en relief de l'Imerina, les hauts-plateaux.
Par la suite, Ivato, situé à une vingtaine de kilomètres de Tananarive, est devenu l'aéroport principal de la capitale malgache.
Sous la houlette du président Philibert Tsiranana, Madagascar, où je me rendrai une bonne dizaine de fois par la suite, était alors un véritable pays de cocagne.
Lors de ma première venue en 1965 à Tana, comme on appelait alors la capitale de la Grande Île, j’avais remarqué que pratiquement tous les hommes et les enfants portaient un couvre chef. Ça allait du chapeau mou en feutre, en nylon ou en tissu-gabardine, aux formes les plus variées de chapeaux de paille tressée, dont celui mis à la mode par le président Tsiranana.
J'avais d'ailleurs comme client, par l'intermédiaire de la Cie Marseillaise de Madagascar un dénommé Moreno Brogi qui avait créé la société Madcap (Sté Madécasse de Chapellerie) à Isotry.
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| Philibert Tsiranana, le premier Président de Madagascar |
Je me souviens aussi de l’élégance aristocratique des femmes Hova aux épaules enveloppées du traditionnel lamba blanc.
En ville, j’ai été étonné par le nombre de taxis dont la flotte était presque exclusivement constituée de 2CV Citroën ou de 4L Renault.
Il y avait également beaucoup de poussepousses notamment près de la gare ferroviaire de Soarano et du Zoma, dans le quartier d’Analakely.
C’est là que mon taxi me déposait au pied de l’escalier de Lastelle d’où l’on pouvait repérer l’enseigne de l’hôtel Lido où j’ai logé lors de mes séjours à Tananarive.
Il y avait également beaucoup de poussepousses notamment près de la gare ferroviaire de Soarano et du Zoma, dans le quartier d’Analakely.
C’est là que mon taxi me déposait au pied de l’escalier de Lastelle d’où l’on pouvait repérer l’enseigne de l’hôtel Lido où j’ai logé lors de mes séjours à Tananarive.
L'Hôtel Lido était situé dans le quartier animé d'Analakely (ville basse), au cœur de la capitale, près des escaliers escarpés et des rues commerçantes bordées de bâtiments coloniaux blancs. La façade visible avec ses fenêtres hautes et l'inscription "Hôtel Lido" est typique du style art déco français des années 1930-1940.
Construit sous l'ère coloniale, l'Hôtel Lido était un établissement prisé, d’une vingtaine de chambres, classé comme hôtel 2 étoiles. Il accueillait surtout des voyageurs d'affaires, des fonctionnaires français en fin de mandat, des touristes européens et des Malgaches de la bourgeoisie urbaine.
Dans les années 1960, sous la direction d'Yvonne Crestey, l'hôtel a connu une période de prospérité. Des guides touristiques comme le "Guide Bleu" (éditions Hachette des années 1960) le mentionnent comme "un havre tranquille au milieu du bruit de Tananarive".
Yvonne Crestey avait repris les rênes de l'hôtel dans les années 1950. Veuve ou aventurière, qui sait ? Elle était considérée comme une figure discrète de la communauté européenne installée à Madagascar pendant la période coloniale française. Elle faisait partie de ces expatriés qui géraient des établissements hôteliers dans la capitale malgache. Dans des récits anecdotiques et des guides de voyage de l'époque, elle est décrite comme une femme énergique et accueillante, gérant l'hôtel avec un sens pratique hérité de l'hospitalité française.
J’avais toujours droit à la chambre n°2 juste, en face de la réception. A chacune de mes arrivées, Yvonne Crestey me remettait la clé en disant "Comme d’habitude ?…" avec son petit sourire en coin.
Le "Bar Lido" situé au rez-de-chaussée était tenu par Zizou, un vieux restaurateur ami d’Yvonne Crestey. De son vrai nom Joseph Zuccarelli, c’était un Corse installé à Tananarive dès les années 1930.
Il possédait également le Restaurant de la Gare (parfois appelé Chez Zizou) juste en face de la gare de Soarano, dans le bâtiment à arcades au rez-de-chaussée de l’Hôtel Terminus.
L'Hôtel Lido incarnait la fin de l'ère coloniale. Tananarive dans les années 1960 comptait une vingtaine d'hôtels européens, mais beaucoup ont disparu avec la "malgachisation" de l'économie. Yvonne Crestey, a vraisemblablement vendu ou cédé l'hôtel à des propriétaires malgaches avant de rentrer en France. Hélas, comme tant d'établissements de l'époque, le Lido a tiré sa révérence dans les années 1980, reconverti en immeuble résidentiel.
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Avec une pensée pour Yvonne Crestey (Vonnette pour les amis et Madame-Be pour ses employés de l’hôtel Lido), ...
... pour son amie Michelle Issoufaly qui tenait la boutique Bettina sous les arcades de l'avenue de l'Indépendance,...
... en souvenir de Monique Gross, l'adorable belle-sœur du père Juge, patron du Prisunic de Tana...
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