J'ai découvert récemment cette jeune auteure-compositrice et interprète grâce à la chanson créée, paroles et musique, par Patrick Font en 1983. Il s'agit de "La vieille" extraite de l'album de Leïla Huissoud "L'ombre", sorti en 2017.
Je dois reconnaître avoir été quelque peu surpris par certains passages de la chanson qu'une gamine (elle est née en 1996) au visage d'ange, a le culot d'interpréter en public dans une église...
Depuis je comprends mieux sa devise : "Si chanter, ça ne change rien du tout, alors autant le faire de manière spectaculaire."
J'ai pas besoin de vous pour ranger mes vêtements
Partez, vous m'encombrez, dit la vieille, en sautant
Pieds joints sur sa valise, on aurait dit Popeye
Elle avait encore la souplesse des abeilles
Et d'un pas décidé vers la gare Saint-Lazare
Tandis qu'on faisait semblant de pleurer son départ
Elle s'en allait gaiement, son bagage à la main
Avec deux ou trois pauses pour se tenir les reins
J'ai pas besoin de vous dit-elle au contrôleur
Pour porter ma valise, j'en ai pour un quart d'heure
L'hospice est en banlieue, on dit que c'est un château
Où les vieux jouent au scrabble, et aux petits-chevaux
Moi j'ai horreur de ça, comprenez-vous monsieur
Je n'aime que les westerns avec plein de coups de feu
J'ai vu quatorze fois l'Infernale Chevauchée
Je vous le raconterais bien mais nous sommes arrivés
J'ai pas besoin de vous dit-elle à l'infirmière
Pour déplier mes draps, laissez-moi j'ai à faire
Alors de sa valise, à l'abri des regards
Elle sortit vingt bouteilles d'un célèbre pinard
Descendit au salon où les vieux et les vieilles
Jouaient aux petits-chevaux en se grattant l'oreille
Bonsoir messieurs, mesdames je m'appelle Fanchon
L'un d'entre vous n'aurait-il pas un tire-bouchon
J'ai pas besoin de vous dit-elle au médecin
En élevant vers lui son troisième verre de vin
Tandis que les vieillards autour de la pendule
Chantaient à quatre voix la grosse bite à Dudule
Et l'on vit ce spectacle ô combien ravissant
De quatre-vingt gâteux quittant l'établissement
Afin de ratisser les hospices du pays
Arrachant à la mort des moribonds surpris
J'ai pas besoin de vous dit-elle au curé
Qui au chevet d'un vieux s'esquintait à prier
Vous voyez bien que ce cadavre n'est pas mort
S'il ne respire plus par contre il bande encore
Un petit coup de branlette le remettra sur pattes
Comme un coup de manivelle sur une vieille Juva 4
Le prêtre révulsé tombait les bras en croix
Il respirait encore, mais il ne bandait pas
J'ai pas besoin de vous claironnaient tous les vieux
Chaque fois qu'un député voulait s'occuper d'eux
Car vous n'avez pas su vous occuper de nous
A l'âge où nous avions encore confiance en vous
Tous les moyens sont bons pour gagner la coupole
Si les morpions votaient vous seriez la vérole
En tant qu'improductifs nous ne produirons pas
Un imbécile de plus à la tête de l'état