02/05/2020

Tout va très bien madame la Marquise ♫

Actualisation de l'un des grands succès de Ray Ventura (1935). 



Dans cette nouvelle version, la vieille marquise de Morveux d’Énarque, née Brigitte Trogneux, confinée en son castel du Touquet, téléphone au majordome du palais de l’Élysée, Alexis Kohler.





(La marquise) 
Allô, Alex ! Quelles nouvelles ? Au Touquet depuis quelques jours, au bout du fil, je vous appelle ; que trouverai-je à mon retour ? 

(Kohler) 
Tout va très bien, Madame la Marquise, 
Tout va très bien, tout va très bien. 
Pourtant, il faut, il faut que je vous dise,
 On déplore un tout petit rien : 
Car le marquis, c’est bien dommage, 
Est malmené par les sondages. 
Mais, à part ça, Madame la Marquise, 
Tout va très bien, tout va très bien. 

(La marquise) 
Mon bon valet, beau chérubin, mon Emmanuel est critiqué. Expliquez-moi, jeune larbin, à quoi faut-il l’attribuer ? 

(Kohler) 
Cela n’est rien, Madame la Marquise, 
Cela n’est rien, tout va très bien. 
Pourtant il faut, il faut que je vous dise, 
La raison de ce petit rien : 
C’est ce virus, venu de Chine, 
Qui, forcément, nous turlupine 
Mais, à part ça, Madame la Marquise, 
Tout va très bien, tout va très bien. 

(La marquise) 
Mon bon valet, mon Alexis,  que tout ceci est énervant ! Expliquez- moi, je suis toute ouïe,  pourquoi donc ce revirement? 

(Kohler) 
Soyez sereine, Madame la Marquise, 
Car à part ça, tout va très bien. 
Pourtant il faut, il faut que je vous dise, 
On déplore un tout petit rien : 
C’est la Buzyn, cette harpie, 
Qui accable votre mari. 
Mais, à part ça, Madame la Marquise, 
Tout va très bien, tout va très bien. 

(La marquise) 
Oh Alexis, je suis furieuse,  elle nous doit tout, cette traînée : nous avons fait de cette gueuse,  la ministre de la Santé. 

(Kohler) 
Oui mais voilà, Madame la Marquise, 
On dit qu’elle serait déprimée. 
Elle s’est confiée, et par surprise, 
À des gens mal intentionnés. 
Et depuis lors, dans les médias, 
Ses déclarations font grand bruit. 
La France entière est en émoi 
D’apprendre qu’on lui a menti. 

(La marquise) 
Mon bon laquais, mon Alexis, tout ceci est bien décevant, ainsi, elle livre le marquis à la colère des "Sans-dents". 

(Kohler) 
Tenez le coup, Madame la Marquise, 
Car tout va encore presque bien. 
Oui mais pourtant, il faut que je vous dise, 
Emmanuel est dans les tourments : 
On met en doute sa franchise, 
Car tout le monde sait qu’il ment. 
Mais à part ça, Madame la Marquise, 
Tout va très bien, tout va très bien… 

(La marquise) 
Oh mon Alex, j’en ai ma dose, et vous me voyez effondrée. Je sombre dans la sinistrose : on en veut à mon "Choupinet". 

(Kohler) 
 C’est déprimant, Madame la Marquise : 
Le peuple n’est jamais content. 
Mais franchement, il faut que je vous dise, 
Dans ce pays, tout fout le camp. 
Si je vous blesse, excusez ma franchise : 
C’est la faute du gouvernement. 
Mais à part ça, Madame la Marquise, 
Tout va très bien, tout va très bien. 

(La marquise) 
Mon Alexis, laquais servile, oui mon Manu est un menteur. S’ils l’ont élu, les imbéciles, c’est eux qui ont fait leur malheur. 

(Kohler) 
Cela n’est rien, Madame la Marquise, 
Tout va très bien ou presque bien.
 Mais à part ça, il faut que je vous dise, 
Encore un dernier petit rien : 
Qu’y puis-je si votre mari, 
Bavard, arrogant et hâbleur, 
Accumule les menteries ? 
Mais à part ça, Madame la Marquise,
 Tout va très bien, tout va très bien. 

(La marquise) 
Oh mon Alex, grouillot zélé, je n’en puis plus, je m’évanouis, si au moins j’étais confinée, avec mon chien et mon mari. 

 (Kolher) 
Vous m’emmerdez, Madame la Marquise,
 Et vous me faites bien marrer. 
Oui le marquis est dans la mouise,
 Et moi je dis que c’est bien fait 
Si ses mensonges filandreux 
Et ses sermons d’halluciné 
Ne sont plus gobés par les gueux, 
Qui l’appellent "Fidel Castré". 

(La marquise) 
Et bien Alex, vous êtes viré. Vous êtes pire que Schiappa, la mère Buzyn ou Belloubet. Vous êtes tous des ingrats. 

(La même, en pleurnichant…) 
Je rêvais des ors du Palais, mais je suis vieille et défraîchie. Pour tous je reste la mémé qui a déniaisé le marquis. 

La marquise, en larmes, raccroche au nez du laquais. Et Alexis Kohler, très en colère comme son nom l’indique, donne un coup de pied au chien Némo, qui se venge en lui mordant le mollet… Ce qui confère une morale à cette histoire : on n’est pas obligé de se laisser traiter comme un chien par un larbin, fût-il énarque ! 

Texte de Cédric de Valfrancisque, musique de Paul Misraki,
interprète inconnu.