11/05/2023

Regarde bien, petit ♫


Une des premières chansons de Jacques Brel... quasiment inconnue.
  



Regarde bien, petit, regarde bien sur la plaine là-bas 
À hauteur des roseaux, entre ciel et moulin 
Y'a un homme qui vient, que je ne connais pas 
Regarde bien, petit, regarde bien 
Est-ce un lointain voisin, un voyageur perdu 
Un revenant de guerre, un montreur de dentelles ? 
Est-ce un abbé porteur 
De ces fausses nouvelles qui aident à vieillir ? 
Est-ce mon frère qui vient 
Me dire qu'il est temps d'un peu moins nous haïr ? 
Ou n'est-ce que le vent qui gonfle un peu le sable 
Et forme des mirages pour nous passer le temps ? 

Regarde bien, petit, regarde bien, sur la plaine là-bas 
À hauteur des roseaux, entre ciel et moulin 
Y'a un homme qui vient, que je ne connais pas 
Regarde bien, petit, regarde bien 
Ce n'est pas un voisin, son cheval est trop fier 
Pour être de ce coin, pour revenir de guerre 
Ce n'est pas un abbé, son cheval est trop pauvre pour être paroissien 
Ce n'est pas un marchand, son cheval est trop clair 
Son habit est trop blanc et aucun voyageur 
N'a plus passé le pont depuis la mort du père, ni ne sait nos prénoms 

Regarde bien, petit, regarde bien, sur la plaine là-bas 
À hauteur des roseaux, entre ciel et moulin 
Y'a un homme qui vient, que je ne connais pas 
Regarde bien, petit, regarde bien 
Non, ce n'est pas mon frère, son cheval aurait bu 
Non, ce n'est pas mon frère, il ne l'oserait plus 
Il n'est plus rien ici qui puisse le servir, non, ce n'est pas mon frère 
Mon frère a pu mourir, cette ombre de midi 
Aurait plus de tourments s'il s'agissait de lui 
Allons, c'est bien le vent qui gonfle un peu le sable 
Pour nous passer le temps 

Regarde bien, petit, regarde bien, sur la plaine là-bas 
À hauteur des roseaux, entre ciel et moulin 
Y'a un homme qui part, que nous ne saurons pas 
Regarde bien, petit, regarde bien 
Il faut sécher tes larmes, y'a un homme qui part 
Que nous ne saurons pas, tu peux ranger les armes.