21/05/2023

Elle vient trop tôt la fin du bal



Le titre de cet article est tiré du refrain de la chanson "Le vol arrêté" de  Vladimir Vissotski... 



... magnifiquement interprété ici par ma vieille copine polonaise  Anna Prucnal.



Comme le fruit tombe sans avoir pu mûrir
La faute à l'homme, la faute au vent
Comme l'homme qui sait en se voyant mourir
Qu'il n'aura plus jamais de temps
Un jour de plus il aurait pu chanter
Faute au destin, faute à la chance
Faute à ses cordes qui s'étaient cassées
Son chant s'appellera silence.
Il peut toujours le commencer
Nul ne viendra jamais danser
Nul ne le reprendra en cœur
Il n'aura jamais rien fini
A part cette blessure au cœur
Et cette vie.

Pourquoi
J'voudrais savoir pourquoi, pourquoi
Elle vient trop tôt la fin du bal
C'est les oiseaux, jamais les balles
Qu'on arrête en plein vol.

Comme ces disputes commencées le soir
Faute à la nuit, faute à l'alcool
Et dont il ne restera rien plus tard
Que quelques mégots sur le sol
Il aurait tant voulu frapper pourtant
Faute au couteau, faute à la peur
Il n'aura fait aucun combat au sang
Juste le temps d'un peu de sueur
Lui qui aurait voulu tout savoir
Il n'aura même pas pu tout voir
Lui qui avait l'amour au corps, au corps
Pour la seule qu'il aurait gardée
Il a rendu sa barque au port
Sans l'embrasser, sans la toucher
Juste y penser jusqu'à la mort

Pourquoi
J'voudrais savoir pourquoi, pourquoi
Elle vient trop tôt la fin du bal
C'est les oiseaux, jamais les balles
Qu'on arrête en plein vol.

Il écrivait comme on se sort d'un piège
Faute au soleil, faute aux tourments
Mais comme il prenait pour papier la neige
Ses idées fondaient au printemps
Et comme la neige recouvrait sa page
Faute aux frimas, faute à l'hiver
Au lieu d'écrire il essayait, courage
D'attraper les flocons en l'air
Mais aujourd'hui il est trop tard
Il n'aura pas pris le départ
Et son souvenir ne sera
Que la chanson d'avant la lutte
De l'évadé qui n'aura pas
Atteint son but.

Pourquoi
J'voudrais savoir pourquoi, pourquoi
Elle vient trop tôt la fin du bal
C'est les oiseaux, jamais les balles
Qu'on arrête en plein vol.