Mes plus anciens souvenirs concernent l'école maternelle de Chatou. J'avais trois ans la première année. C'était pendant la guerre.
Je me rappelle que mes frères aînés m'y accompagnaient lorsqu'ils se rendaient à l'école Paul Bert en me trimballant dans un horrible vieux landau à grandes roues, caisse suspendue et capote à soufflets pour m'éviter la marche à pied. Car il y avait bien deux bons kilomètres à parcourir depuis notre maison. Ils rangeaient la voiture d'enfant sous le préau et le récupéraient le soir en venant me chercher.
Je me rappelle que mes frères aînés m'y accompagnaient lorsqu'ils se rendaient à l'école Paul Bert en me trimballant dans un horrible vieux landau à grandes roues, caisse suspendue et capote à soufflets pour m'éviter la marche à pied. Car il y avait bien deux bons kilomètres à parcourir depuis notre maison. Ils rangeaient la voiture d'enfant sous le préau et le récupéraient le soir en venant me chercher.
J'avais honte. Dans la cour de récréation, certains petits copains se moquaient de moi et me traitaient de bébé.
Année scolaire 1944-45 |
Par la suite, en allant au travail très tôt le matin, maman m'emmenait sur le porte-bagage de son vélo et me déposait chez madame Reynaud, une femme de charge de l'école. Déjà âgée, elle était adorable et je la considérais un peu comme ma grand-mère. Elle me faisait manger une tartine de pain beurré accompagnée d'un bon chocolat chaud en attendant l'heure de me conduire à l'école qui se trouvait à deux pas de chez elle.
Carte postale ancienne de l'école maternelle de Chatou située à l'angle de l'avenue Ernest Bousson et de la rue du docteur Rochefort. |
La directrice de l'école maternelle s'appelait madame Delfour. Elle avait un air sévère mais était très gentille avec moi. C'est elle qui m'a appris à lire et à écrire.
Année scolaire 1945-46 |
J'ai gardé en mémoire le nom de quelques élèves de la maternelle, Michel Ressouche, Arlette Peters ou Édouard Grand.
Après la Libération de Chatou, à la rentrée des classes 1944, je me souviens des soldats américains qui, passant en camion devant la cour de l'école maternelle, nous jetaient à travers les grilles des tablettes de chewing-gum.
Après la Libération de Chatou, à la rentrée des classes 1944, je me souviens des soldats américains qui, passant en camion devant la cour de l'école maternelle, nous jetaient à travers les grilles des tablettes de chewing-gum.
Bien des années plus tard, j'en ai retrouvé le parfum. Une sensation qui a fait resurgir des tréfonds de ma mémoire ces lointains souvenirs chargés d'émotion. Une sorte de madeleine de Proust...