27/03/2017

Les mouettes

Il ne s’agit pas de ces mouettes-là…



 … mais de la colonie "Les mouettes" où, de 1949 à 1955, j’ai passé chaque année six semaines de vacances d'été.


Colonie "Les mouettes" - Le Hôme-sur-Mer
 
C'était dans le Calvados, au bord de la Manche, à Cabourg, ou pour être plus précis, au Hôme-sur-Mer, la petite ville voisine. 






Ces vacances étaient destinées aux enfants du personnel de la fonderie Cromback où ma mère avait continué à travailler après le décès de mon père. 
En 1949, j’étais le plus jeune d’une trentaine de garçons aux cheveux coupés en brosse, parmi lesquels mon frère Edmond, âgé de 14 ans, allait atteindre la limite d’âge cette année-là. 






Nous étions installés dans une magnifique villa restaurée après la guerre et qui avait été construite à côté d’un ancien préventorium aux murs percés de trous d’obus, dont la toiture s’était envolée, les fenêtres et portes arrachées, que squattaient de misérables familles de pêcheurs que nous voyions tirer chaque jour leurs filets sur la plage.




Je n'avais jamais vu la mer auparavant.




Nous nous baignions deux fois par jour et, sous la houlette de nos jeunes monitrices, nous nous baladions dans les dunes, les bois de pins, et ramassions des douilles de mitrailleuses allemandes en explorant les nombreux blockhaus disséminés le long de la côte. 



Chaque matin, nous assistions à la montée du drapeau bleu-blanc-rouge en chantant : 
♫Je t’aime, ô ma Patrie, 
Pour tes monts neigeux et fiers ♫...

ou
 

♫ Seigneur accorde ton secours 
Au beau pays que mon cœur aime 
Celui que j'aimerai toujours 
Celui que j'aimerai quand même. 
Tu m'as dit d'aimer et j'obéis, 
Mon Dieu protège mon pays♫...

... le soir, avant de monter au dortoir, c'était :

♫Avant d’aller dormir sous les étoiles 
 Doux Maître, humblement, à genoux, 
Tes fils t’ouvrent leur cœur sans voile, 
Si nous avons péché, pardonne-nous. 

 Éloigne de ce camp le mal qui passe, 
Cherchant dans la nuit son butin. 
Sans toi, de toutes ses menaces, 
Qui nous protégera, berger divin ? 

 Protège aussi, Seigneur, ceux qui nous aiment, 
Partout garde-les du péril. 
Pitié pour les méchants eux-mêmes 
Et paix à tous nos morts ! Ainsi soit-il ♫...




... et nous portions notre plus bel uniforme orné de l’écusson brodé "Les Mouettes" pour nous rendre le dimanche matin à la messe dans la petite église du village.



Pendant six années, je suis donc revenu chaque été à la colonie "Les mouettes" jusqu’à ce que je fasse à mon tour partie des grands. 

La dernière année, j’avais alors 14 ans, je suis tombé amoureux fou d’une des monitrices. Elle s'appelait Carmen. Une "vieille" d’environ 25 ans, extraordinairement belle, qui m’avait permis de l’embrasser sur les lèvres. 
Les vacances terminées, elle est allée rejoindre Joséphine Baker aux Milandes pour l'aider à s’occuper de ses enfants adoptifs. 
Je ne l'ai jamais revue.






RIP


***



Commentaires :
- Par hasard je suis tombé sur votre blog. J'ai été moi même a la colonie de 1952 à 1956 et je réalise que cela a eu une influence certaine sur mon éducation. Peut être avons nous été là bas en même temps. A l’époque j'habitais la Sarthe. Lire votre blog m'a vraiment m'a vraiment fait plaisir. Je m'appelle Joel Stanchina. Très sincèrement.
- Tu parles d'une surprise!!! Tu faisais donc partie de l'équipe "Champaissant", tandis que moi j'étais parmi les "Parigots-têtes-de-veaux". Lors de ma dernière année de colo en 1955 (j'avais atteint la limite d'âge...) la directrice s'appelait madame Sheyman (je ne garantis pas l'orthographe) et j'étais amoureux-fou d'une monitrice prénommée Carmen. Je me souviens des visites de la mère Cromback, véritables revues de casernement..., de la plage, des dunes, de nos uniformes... C'est là que j'ai appris à nager et à vivre en société. Par la suite je suis revenu souvent passer quelques jours me ressourcer à Cabourg. Quelques noms me reviennent en mémoire : Gérard Foucray, les frères Bonhomme, Fougeray, un certain Gaston Dulonpont, mais si le prénom de Joël me dit quelque chose, je n'arrive pas à mettre un visage dessus. Cela me ferait plaisir d'en savoir plus sur toi. Bien cordialement. François Sobieraj

- Merci d'abord d'avoir repondu a mon message. C'est interessant de connaitre les sentiments de quelqu'un sur une experience commune. J'ai toujours eu conscience que la colonie avait eu un effet durable alors que je m'y suis souvent ennuye.J'avais besoin de plus d'action, et je me souviens d'avoir envie les gosses des autres colonies quand ils passaient sur la plage ou dans les grandes dunes. Ils avaient peut etre l'air depenaille mais ils semblaient libres. Je ne me souviens pas de toi . Tu as 5 ans de plus que moi. Mon frere Jean Michel qui a 72 ans ne se souvient pas non plus mais cela fait tellement longtemps. En lisant ton blog j'ai tout de suite pense que tu etais de la region parisienne. Connaissant tout le monde a St Cosme/Champaissant je ne voyais pas qui aurait pu l'ecrire. Dans ta reponse tu m'as surpris en disant que tu voulais en savoir plus sur moi. Evidemment j'ai recherché l'internet sur toi et de ce fait j'en connais plus sur toi et sur ton travail d'auteur et de peintre. Felicitation. Quant a moi bien que je sois sur Facebook and LinkedIn je n'y ai mis aucune information. Au fait l'usine de Champaissant fonctionne encore et elle fait partie maintenant du groupe Alcoa. Madame Scheman habitait a Champaissant. Je me suis toujours demande d'ou venaient les Cromback. Je n'ai jamais reussi a avoir beaucoup de details sur eux. Quand j'ai parle avec mon frere a propos de notre communication Il m'a dit se souvenir d'un Jacquemar. Quant a moi je me suis toujours souvenu d'un Martinet qui m'enervait (bien que cela ne soit pas de sa faute) car il recevait des tonnes de lettres alors que je n'en recevais qu'une par semaine. Je suis retourne a la colonie en tant que monitor en 1963 J'ai ete etudiant pendant tres longtemps. Apres donc des etudes que je qualifirais de sinueuses j'ai fini avec un diplome de Docteur en Medecine de l'Universite de Nancy. Ma femme etant americaine (nous nous sommes marie en 1973) nous sommes donc partis a New York ou j'ai fait un internat de medicine interne et ensuite une specialite de Nephrology. Je viens de prendre ma retraite apres avoir exerce a Brooklyn (un des quartiers de NY) pendant plus de 30 ans et j'habite dans le Queens (une autre partie de la ville de NY). Je ne suis pas encore habitue a la retraite. Le travail ne me manqué pas du tout mais il faut que je trouve quelque chose de significatif a faire. J'aime bien rencontrer des gens et discuter; c'est sans doute pourquoi j'ecrit ce mail. En Octobre dernier j'ai visite ma famille qui habite au Mans dans la Sarthe et nous avons ete manger a Honfleur. Sur le retour nous avons fait un crochet par le Home sur Mer pour voir la colonie. Il y a maintenant un portail a l'entree du chemin qui empeche de voir a l'interieur de la propriete. J'ai ete tente de sonner mais je ne l'ai pas fait et je le regrette un peu.Tres sincerement Joel Note: s'il n'y a pas d'accent dans mon texte c'est que mon clavier n'en a pas.   

Champaissant - L'usine Cromback