26/11/2022

L'hippopotame et le philosophe





Première édition en 1946

Recueil d’interventions sur Radio-Dakar en 1940 et 1941 de Théodore Monod, l’un des plus grands naturalistes que la France aie connu. Les sujets abordés sont nombreux, mais l’humour pince sans rire et la critique de l’époque guerrière sont prégnants. Un petit classique d’humilité et d’humanisme à parcourir au moins une fois dans sa vie. 

"La légende de l'Atlantide, les Pygmées, les fourmis, les mammifères aquatiques, les crocodiles sahariens, les palmiers, les vertus et usages du henné, les mécanismes de la reproduction des plantes, mais aussi le mythe de la race aryenne... parmi les multiples sujets qu'inspire à Théodore Monod sa vie quotidienne de directeur de l'Institut français d'Afrique noire, chacun est prétexte à instruire et réfléchir. Ces textes ont pour origine une suite de chroniques pittoresques et scientifiques qu'il proposa chaque semaine aux auditeurs de Radio-Dakar en 1940 et 1941. Loin de la France occupée, dans un franc-parler qui lui valut bientôt les foudres de la censure, Théodore Monod maintenait un petit coin de liberté où affirmer et diffuser ses convictions antiracistes, pacifistes et écologiques."


Scientifique renommé, Théodore Monod (1902-2001) est entré comme assistant au Muséum d’Histoire naturelle à Paris, en ichtyologie (étude des poissons), en 1921. Dès lors, des missions le mèneront dans le désert, le plus souvent en Mauritanie. 
De 1938 à 1965, Théodore Monod a dirigé l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN) qu'il avait fondé à Dakar.


Théodore Monod - Dakar 1954


L'IFAN, Dakar


"Je fais partie de la race humaine et pourtant je dis : qu'importe si l'homme disparaît du globe. Il l'aura bien mérité ! Sa folie actuelle est telle, tant de stupidités et d'imprudence ! Il existera toujours des relais dans la nature. Dans l'évolution biologique, si une branche disparaît, elle est relayée par une autre. La nature et les animaux existaient avant nous sans avoir à supporter notre rapacité. Et l'évolution peut dessiner un cercle, lequel se refermera sur les origines neuves, c'est à dire préhistoriques." 
Théodore Monod




Sans peur, quittant l’œuf de la tiède sauveté
Têtard étrange et dérisoire,
Inconsciente ébauche, hors du moule jeté,
Il t’a fallu, jouant la blanche ou la noire,
Naître sans peur.

Sans peur, dans les matins dorés et les midis
Au grand soleil ou sous l’orage
Il faut, dans le fracas des tonnerres maudits
Face aux cris des démons, aux brouillards, au mirage
Vivre sans peur.

Sans peur, au soir venu de l’ombre violette
- Ô vieux cœur enfin consolé –
Il te faudra, larguant l’amarre à l’aveuglette
Pour offrir au jusant ton esquif esseulé
Mourir sans peur.

Poème de Théodore Monod