Lors de mon premier voyage en 1964 sur le continent africain, j'avais été étonné par la présence d'assez nombreux jeunes Américains qui y vivaient à la mode africaine. On les appelait alors "les corps pissent", et les mauvaises langues disaient qu'ils s'étaient "paillotisés" pour faire de l'espionnage.
Beaucoup de jeunes Américaines venaient ainsi en Afrique pour s'y adonner à la plus basse sexualité et je me souviens que les blondes à la peau très blanche, avaient un succès fou auprès de la population mâle locale...
Que faisaient donc ces Américains Afrique?
Il s'agissait de membres d'une organisation créée le 1er mars 1961 par le président John Fitzgerald Kennedy pour, officiellement, aider les pays sous-développés.
C'était en fait une réponse à l'URSS où Nikita Khrouchtchev avait ouvert en 1960 à Moscou une "Université de l’Amitié des Peuples" destinée à procurer à des étudiants venus de ce que l’on appelait alors le Tiers-Monde, un enseignement supérieur de haut niveau. Une initiative passée alors plutôt inaperçue, même au sein des services de renseignements occidentaux, en regard aux autres affaires majeures de la guerre froide cette année-là.
Etudiants congolais à Moscou
L'objectif de l'URSS qui voulait profiter de la décolonisation, était d'assurer sa suprématie en Afrique après avoir déjà envoyé quelques poignées de conseillers militaires au Ghana, en Guinée et au Congo notamment. L’offensive de séduction soviétique fut instantanément couronnée de succès : avant même son ouverture, l’établissement avait reçu près de 2 000 candidatures pour 500 places disponibles. Les étudiants sélectionnés seront surtout des "fils à papa" de la nouvelle Afrique indépendante, qui allaient bénéficier d'un encadrement pédagogique impressionnant pour devenir dans leurs pays des "élites rouges" guidées par l’idéologie communiste et soucieuses de mettre en place une administration et une bureaucratie de type socialiste.
Dès mars 1961, l’Université prendra le nom de Patrice Lumumba, ex-Premier ministre du Congo assassiné pendant la guerre civile qui ravageait encore l’ancienne colonie belge. Une récupération qui visait à montrer la solidarité de l’URSS avec les peuples libérés du système colonial.
Combien de ces étudiants congolais, reviendront au pays, diplôme en poche, mariés avec de jolies moujiks blondes, Natacha ou Galina, trop heureuses de fuir leur misère en Russie soviétique... Lesquelles après avoir goûté à la vie africaine, s'empresseront de divorcer pour se trouver sur place un bon "blanc", planteur ou commerçant...
Côté Etats-Unis, le 14 octobre 1960, à 2 heures du matin, juste après son premier débat télévisé avec Nixon dans le cadre de l’élection présidentielle, à l’Université de Ann Arbor, John F. Kennedy avait mis au défi les 10 000 étudiants restés pour l’accueillir : "Combien d’entre vous êtes prêts à passer dix ans de vos vies en Afrique, en Amérique latine ou en Asie pour les États-Unis et pour la liberté ? ".
Il fallait envoyer à l'étranger des Américains motivés pour défendre la liberté et "triompher des missionnaires de Khrouchtchev".
Départ de Peace corps pour l'Afrique
Le nombre de volontaires du Peace Corps atteindra 15 000 en 1966 dont 40 % en Afrique noire.