"Le Liban était un rêve, celui d’un petit territoire où plusieurs communautés vivent en harmonie et qui parvient à se développer au milieu d’États fragiles et belliqueux. Adossé au port de Beyrouth, bénéficiant d’une intelligentsia chrétienne cultivée, commerçante et marchande, le Liban a connu ses années de prospérité et de félicité de son indépendance (1943) à la fin des années 1970. Un équilibre rompu par l’arrivée massive de réfugiés de Palestine (120 000 personnes en 1948) puis de la déstabilisation provoquée par ses voisins, notamment Israël et la Syrie, qui ont voulu en faire leur terrain de jeu. Entre tensions communautaires et religieuses, théâtre de guerre de nations interposées, infiltration mafieuse, il a connu la terrible guerre civile (1975-1990) dont il ne s’est jamais remis. L’arrivée de réfugiés syriens à partir de 2012 a fini de déséquilibrer un pays déjà chancelant. Incapable de faire face à un tel afflux et aux problèmes sociaux que cela pose, le Liban s’enfonce dans les crises économiques et sociales dont il est peu probable qu’il puisse sortir." Jean-Baptiste Noé (Institut des Libertés)
Beyrouth |
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"Je me souviens qu'en Afrique de l'Ouest, dans les années 60, le Sénégal était le fief des Libanais qui faisaient des affaires dans le commerce, l’import-export, le bois, les plantations, le transport, l’industrie et toutes activités lucratives. A cette époque, "libanais" était souvent synonyme de réussite sociale. Il n’était pas question d’origine ni de nationalité. C’était considéré comme un métier.- Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie ?- Libanais…Mais tous les natifs du pays du cèdre n’avaient pas fait fortune au Sénégal. Ainsi, à Dakar ils étaient nombreux à vivoter dans des échoppes miteuses de la rue Galandou Diouf (ex rue de Thiès). Ceux-là étaient souvent des musulmans chiites que certains ex-coloniaux affectaient de mépriser en les qualifiant de "Syriens" ou plus péjorativement de "Syraks". Les Libanais qui avaient réussi étaient plutôt des chrétiens maronites. Ils avaient fréquemment la double, voire triple nationalité, libanaise, sénégalaise et française. Certains, grâce à leur goût plusieurs fois millénaire des affaires, possédaient de solides entreprises." François Sobieraj (Escales Africaine)
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Avec une pensée pour Odette, Michel et David Noujaim, Brahim Zarkha, Ramez Achkar et Alex Mounayer.