"Varsovie, le 17 août 1974. Une note confidentielle du régime communiste polonais spécifie qu'aucune information concernant l'actrice Anna Prucnal ne pourra être diffusée jusqu'à nouvel ordre. Parce que quelques mois plus tôt, elle avait interprété, dans le film de Dusan Makavejev, Sweet Movie, un personnage symbolisant la révolution dévoreuse d'enfants. Ajouté à cela, une séquence avec des images sur le massacre de Katyn. Il n'en fallait pas plus pour que le nom d'Anna Prucnal disparaisse des archives des journaux polonais.
L'actrice parvint à quitter son pays.Ce sera alors pour la petite exilée les débuts dans la chanson et la découverte du monde du showbiz parisien. A sa manière, à la manière polonaise : cavalerie légère contre panzerdivisions, elle se mettra à rouler les airs aussi bien en polonais qu'en russe, en italien, en allemand, en anglais et en français pour chanter l'amour et surtout ses blessures."
Avec son visage qui tient du chat, de l'ange blond, de l'elfe slave, Anna Prucnal nous offrira ses chansons avec des coups de dents, des caresses de lèvres, des cris féroces, des roulements tragiques. Avec sa voix qui ne ressemble à rien d'autre qu'elle-même, avec sa silhouette moulée de noir et l'envol de ses mains, elle est bouleversante, elle est émotion, dynamite et elle est humour en passant du désespoir à la truculence."
J'ai découvert cette femme déroutante, écorchée vive et si bouleversante avec cette chanson en 1982.
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