Comme chaque année au début du mois de mars, cette poésie apprise à l'école quand j'avais une dizaine d'années, me revient en mémoire :
Tandis qu'à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants
Mars qui rit malgré les averses
Les hommes courent haletants
Mars qui rit malgré les averses
Prépare en secret le printemps
Pour les petites pâquerettes
Sournoisement lorsque tout dort
II repasse des collerettes
Et cisèle des boutons-d'or.
Dans le verger et dans la vigne
II s'en va, furtif perruquier
Avec une houppe de cygne
Poudrer à frimas l'amandier
La nature au lit se repose
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert
Tout en composant des solfèges
Qu'aux merles il siffle à mi-voix
II sème aux prés les perce-neige
Et les violettes au bois
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit l'oreille au guet
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles
II met la fraise au teint vermeil
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil
Puis, lorsque sa besogne est faite
Et que son règne va finir
Au seuil d'avril tournant la tête
II dit "Printemps, tu peux venir"
"Premier sourire du printemps", Théophile Gautier