19/03/2019

Gloire au 17ème ♫



En 1907, le Languedoc viticole s’estime menacé par la concurrence des vins d’Algérie et la chaptalisation. La mévente catastrophique des vins provoque des manifestations sans précédant dans la région où des conseils municipaux présentent leur démission collective et appellent à la grève de l’impôt. Des perceptions, préfectures et sous-préfectures sont attaquées. 






Le gouvernement fait appel aux gendarmes et à la cavalerie. Le sang coule à Narbonne où la troupe tire, cinq manifestants sont tués et il y a des centaines de blessés les 19 et 20 juin. Quelques jours plus tard, le 22 juin, de nouveaux rassemblements ont lieu lors de l'enterrement, pour rendre hommage aux victimes. 




À Béziers, le 17ème régiment d'infanterie, majoritairement composé, selon l’usage, de réservistes et de conscrits du pays, est envoyé pour rétablir l'ordre. Les soldats refusent de tirer, se portent devant la foule, et mettent la crosse en l'air. 










Ce fait sans précédant vaudra au régiment de rejoindre sans délai les bataillons disciplinaires d'Afrique du Nord... 




Poursuivi par sa mauvaise réputation, le 17ème sera très souvent en première ligne, désigné d'office pour des assauts meurtriers pendant la guerre de 14/18... 







Légitim’ était votre colère
Le refus était un grand devoir
On ne doit pas tuer ses père et mère
Pour les grands qui sont au pouvoir
Soldats votre conscience est nette
On n’se tue pas entre Français
 Refusant d’rougir vos baïonnettes 
Petit soldats oui vous avez bien fait

 Salut, salut à vous
 Braves soldats du 17ème
Salut, braves pioupious
Chacun vous admire et vous aime
Salut, salut à vous
A votre geste magnifique
 Vous auriez en tirant sur nous
 Assassiné la République

Comm’ les autres vous aimez la France
 J’en suis sûr même vous l’aimez bien
Mais sous votre pantalon garance
Vous êtes restés des citoyens
La patrie c’est d’abord sa mère
 Cell’ qui vous a donné le sein
Et vaut mieux même aller aux galères
Que d’accepter d’être son assassin

Espérons qu’un jour viendra en France
Où la paix, la concorde régnera
 Ayons tous au cœur cette espérance 
Que bientôt ce grand jour viendra
Vous avez j’té la première graine 
Dans le sillon d’ l’Humanité
La récolte sera prochaine
Et ce jour là vous serez tous fêtés




Célèbre chanson de Gaston Montéhus (Gaston Mardochée Brunswick, de son vrai nom) (1872-1952), qui lui avait valu de passer devant la cour d’Assises pour ces quelques vers : 
"Légitime était votre colère 
Le refus était un devoir 
On ne doit pas tuer ses père et mère 
Pour les grands qui sont au pouvoir" 

Franc-maçon, membre du parti socialiste S.F.I.O, Montéhus obtiendra en 1947 (ironie de l'histoire) la Légion d'Honneur". 


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Il ne faut, naturellement, y voir aucun rapport avec la situation actuelle entre forces de l'ordre et "gilets jaunes"...