22/03/2019

A l'enseigne de la Fille Sans Coeur ♫




Une chanson écrite par Jean Villard-Gilles en 1946

Le soir est bleu le vent du large
Creuse la mer bien joliment
Vers le port montant à la charge
Galopent ses escadrons blancs
C'est un port tout au bord du monde
Dont les rues s'ouvrent sur l'infini
Mais de là comme la terre est ronde
On n'voit pas les États-Unis

Tout l' mond' s'en fout y a du bonheur
Y a un bar chez Rita la blonde
Tout l' mond' s'en fout y a du bonheur
À l'enseign' de la Fille Sans Coeur
L'accordéon joue en mineur
Les refrains de ce vaste monde
Y a la fille cette rose en fleur
A l'enseigne de la Fille Sans Coeur

Dans ce p'tit bar c'est là qu'ell' règne
On voit flamber sa toison d'or
Sa bouche est comme un fruit qui saign'
Mais on dit que son coeur est mort
Pourtant les gars sont là tout drôles
Les p'tits les durs les malabars
Qui entr'nt en roulant des épaules
Y en a même venus de Dakar

Y en a d'Anvers y en a d'Honfleur
Bourlinguant parfois jusqu'au Pôle
Ils la regardent c'est tout leur bonheur
Mais pas un n'connaît ses faveurs
L'accordéon joue en mineur
Tous les airs les tristes et les drôles
Y a des gars qui jouent leur bonheur
À l'enseigne de la Fille Sans Coeur

Ils l'aimaient plus elle était dure
Plus son regard était cruel
Mettaient un cran à leur ceinture
C'était l’enfer c’était le ciel.
Un sourire et c’était dimanche
Les gars disaient "Bois avec nous"
Ils tremblaient devant sa main blanche
Versant le rhum et le vin doux

L' patron connaissait la musique
Il aimait le son des écus
Il disait à sa fille unique
"Fuis l'amour c'est du temps perdu"
Mais un soir la mer faisait rage
On vit entrer un étranger
Aux beaux yeux d'azur sans nuages
C'est alors que tout a changé

Il a r'gardé la fille sans coeur
Elle était comme un ciel d'orage
Quelqu'un a fait "y a un malheur"
On entendait battre les coeurs
L'accordéon joue en majeur
Un refrain dans le vent sauvage
Y a une fill' le visage en pleurs
À l'enseigne de la Fille Sans Coeur

Il a dit "C'est toi, ma divine"
Elle répondit "Je suis à toi"
Il l'a serrée sur sa poitrine
Elle a pleuré entre ses bras
Les autres alors mélancoliques
Sont partis avec un soupir
Le vent chantait sur l'Atlantique
Pour ce coeur qui venait de s'ouvrir

Ils ont filé vers leur grand bonheur
Le patron dut fermer boutique
On l'a vu boire toutes ses liqueurs
A l'enseigne de la Fille Sans Coeur
Alors l’État, cet accapareur
Qu'a toujours eu l' sens du comique
A mis l' bureau du Percepteur
À l'enseigne de la Fille Sans Coeur


Malgré la notoriété et le talent réel d'Edith Piaf, je dois avouer que je préfère mille fois plus l'interprétation de cette chanson par Françoise Kucheida que je viens de découvrir.





Quelque soit la version, il me semble bien avoir reconnu l'étranger aux beaux yeux d'azur sans nuages...