14/10/2023

L'écritoire


 

Une chanson d'Yves Duteil (1974)


Le jeune homme écrivait, penché sur l'écritoire,
éclairé de la rue par une aurore avare,
et les mots se suivaient comme le fil des ans,
sans jamais s'arrêter un instant.
Le jeune écrivait, penché sur sa mémoire,
le regard éclairé d'une lueur d'espoir.
Et les mots se posaient comme le font les flamants,
dans sa tête et sur le papier blanc.
Et les mots se posaient comme le font les flamants,
sans jamais hésiter un instant.
Et le monde tournait pourtant.
Et le monde tournait pourtant.

Le bonhomme écrivait, penché sur l'écritoire,
le soleil en tombant désséchait l'encre noire.
Mais les phrases coulaient comme autant de torrents,
sans jamais se tarir un instant.
Le bonhomme écrivait, penché sur son histoire,
ses rêves d'autre vie, ses rêves d'autre gloire,
et les mots racontaient le fil d'un autre temps,
dans sa tête et sur le papier blanc.
Et les mots racontaient le fil d'un autre temps,
sans jamais se tromper d'un instant.
Mais le monde tournait pourtant.
Mais le monde tournait pourtant.

Le vieil homme écoutait, courbé sur son grimoire,
le regard fatigué dans la pâleur du soir.
Mais les mots se taisaient comme le font les tourments,
sans jamais disparaître vraiment.
Puis enfin il dormait, tombé sur l'écritoire,
éclairé de la rue par une aurore avare.
Et les mots s'envolaient comme le font les flamants,
de sa tête et de son papier blanc.
Et les mots s'envolaient comme le font les flamants,
sans qu'ils sachent ni pour qui, ni pour quand.
Et le monde tournait pourtant.
Et le monde tournait pourtant.