31/12/2017

Souvenirs de Ouagadougou


Je n'ai séjourné qu'une seule fois à Ouagadougou, la capitale politique et économique de la Haute-Volta. C'était à la fin du mois de décembre 1966 et je me souviens avoir passé un 1er janvier 1967 solitaire et bien tristounet à l'hôtel Indépendance où je logeais.





La Haute-Volta, pays enclavé et sans accès à la mer, situé au nord de la Côte d'Ivoire aux marges du Sahel, avait accédé à l'indépendance le 5 août 1960.


Son premier Président, Maurice Yaméogo avait été renversé à la suite d'un soulèvement populaire le 3 janvier 1966. 

Yaméogo et de Gaulle

Lors de mon séjour, sous la nouvelle présidence de Sangoulé Lamizana, la Haute-Volta, dont la population était souvent considérée par les États voisins comme un vivier de main d’œuvre bon marché, faisait partie des pays les plus pauvres au monde. La malnutrition et l'analphabétisme affectaient alors un très grand nombre de Voltaïques.

Marché de Ouagadougou

Je ne suis ensuite jamais revenu en Haute-Volta  où, pendant des décennies, la pauvreté resta le lot quotidien de l'écrasante majorité des habitants qui ne survivaient que grâce à une agriculture vivrière soumises aux aléas climatiques.
Le pays connaissait par ailleurs une grande instabilité politique avec de nombreux coups d’État menés tour à tour par le colonel Saye Zerbo, par le commandant Jean-Bapriste Ouedraogo, puis par le capitaine Thomas Sankara, lequel sera tué lors du coup d’État du capitaine Blaise Compaoré...


Sankara et Mitterrand

C'est Sankara qui, soucieux de s'affranchir de la toponymie coloniale avait rebaptisé en 1984 la Haute-Volta en Burkina Faso, "le pays des hommes intègres".
Afin d'assainir les finances nationales, il avait diminué le train de vie du gouvernement, remplaçant par exemple le parc de Mercedes ministérielles par des R5. Il convenait dès lors pour les hauts fonctionnaires et les cadres dirigeants d'afficher des signes extérieurs de pauvreté. Lui-même ne se payant que modestement, il avait également réduit les salaires des fonctionnaires qui représentaient jusqu'alors 75% des dépenses du budget de l’État...
C'est encore lui qui avait déclaré à la conférence de l'Organisation de l'Unité africaine d'Addis Abeba : "La dette du pays ne peut pas être remboursée parce que si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, c'est nous qui allons mourir. Soyons en sûr également".
Thomas Sankara sera assassiné le 15 octobre 1987, et il sera inscrit sur son acte de décès "mort naturelle"...