15/05/2018

Albert Londres


Spécialiste du grand reportage international, ce journaliste avait tiré de sa documentation de nombreux ouvrages.




Sous-titré "Albert Londres en terre d'ébène", ce livre de Didier Folléas, paru en 1998, reconstitue étape par étape le voyage du "prince des reporters" dans l'Afrique coloniale des années 20. 


Extrait choisi, à propos du Chemin de fer Congo-Océan :
"Et c'est dans la forêt sinistre du Mayombé, massif détrempé, hérissé d'à-pics, baignant dans une lueur d'aquarium, qu'Albert Londres découvre le drame qu'avait pressenti André Gide. Le long des chantiers de la ligne du Congo-Océan, appelée ici "la machine", des dizaines de milliers de Louangos, de Bayas, de Saras, recrutés à la baïonnette jusqu'au Tchad, s'épuisent, dans la boue, à ouvrir la montagne avec des outils rudimentaires. Dix-sept mille sont morts, déjà, sous les coups de la meute hystérique des contremaîtres européens et de leurs tirailleurs, eux-mêmes exténués par les épidémies."


Albert Londres ne savait ni nager, ni conduire et ne parlait aucune langue étrangère. Mais cela ne l'empêcha pas de devenir le père du grand reportage. Pendant des années, il parcourut le monde, appliquant à la lettre sa formule célèbre : "Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, mais de porter la plume dans la plaie". Quand il revint du bagne de Cayenne (Au bagne, 1923), quand il dénonça les conditions de vie dans les hôpitaux psychiatriques (Chez les fous, 1925), ou quand il mit en cause le parti colonial en Afrique (Terre d'ébène, 1927), les polémiques enflaient, mais aboutissaient, parfois, à des décisions politiques comme la fermeture de Cayenne ou la réforme des asiles...
Rebelle à toute censure, Albert Londres est mort en 1932 à 47 ans, dans le naufrage du Georges Philippar
 


Depuis, un prix portant son nom récompense chaque année le "meilleur grand reporter de la presse écrite".