12/05/2019

Akwa-ba



C'est le nom de ces statuettes en bois dur, poli et luisant, avec une tête en forme de disque, que les Ghanéennes qui attendaient un enfant portaient naguère sur elles. 








Le dernier jour, entouré d’une quinzaine de courtisans, un grand chef Ashanti vint de Kumasi, la capitale de la province fournissant plus de la moitié du cacao exporté par la colonie, pour surveiller l’embarquement de sa production. Abrité sous un parasol tenu par un négrillon à peine plus jeune que moi, il avait très belle allure dans la toge couleur safran dont il était drapé, laissant à nu l’épaule et le bras droit. On aurait dit un empereur romain à peau noire.
Il m’impressionnait tant que j’osais à peine aller vers lui quand le lieutenant Schrankenmuller me chargea de lui porter de la bière fraîche.
Le chef voulut à son tour m’offrir quelque chose. Appelant l’une des jeunes femmes qui l’accompagnait, il lui ordonna de me donner la petite poupée de bois qu’elle portait dans le pli de son pagne.
- Akwa-ba, me dit-il avec un sourire montrant ses nombreuses dents aurifiées.
C’était une statuette d’une trentaine de centimètres, à la tête en forme de disque portée par un long et mince cou annelé.
- Chez les Ashantis, les femmes qui attendent un enfant portent sur elles cette poupée qui, selon leur croyance, aura une influence heureuse sur la beauté du futur bébé, m’expliqua ensuite le lieutenant Schrankenmuller.