02/05/2017

AZERTY

Le 2 mai 1961, quelques semaines avant mon vingtième anniversaire, je partais sous les drapeaux, comme on disait alors pour désigner le service national et obligatoire.
J'avais été affecté au 8ème Régiment des Transmissions basé à Bicêtre, au sud-est de Paris, près de la Porte d'Italie, où je devais rester pour la durée de ce que l'on appelait "les classes".





Après un mois de bagotage, maniement des armes, séances de tir et parcours du combattant, tandis que la plupart des appelés du contingent étaient envoyés en Algérie, je me suis retrouvé à Laval, chef-lieu du département de la Mayenne.

Caserne Schneider - Laval

Le repos du guerrier...
Laval, 25 juin 1961




Au cours d'un stage de trois mois à Laval, je devais apprendre les procédures administratives et comptables de l'Armée et... la dactylographie.
En faisant connaissance avec ma première machine à écrire, j'ai été surpris de découvrir le clavier où un inventeur vicieux avait positionné les touches des lettres n’importe comment, au lieu de les placer logiquement dans l’ordre alphabétique.



Le caporal instructeur - il s’appelait Neveu si j'ai bonne mémoire - avait expliqué aux stagiaires qu’étant donné leur fragilité, on avait voulu éviter que les touches voisines se coincent quand on les déclenchait à la suite. C’est ainsi que les lettres qui se suivent fréquemment comme le "L" et le "E" ou le "Q" et le "U" ont été éloignées les unes des autres.
J’ai donc appris par cœur le fameux AZERTYUIOP, puis il m'a fallu atteindre la vitesse de frappe de cinquante mots à la minute (avec un cache sur le clavier pour pianoter à l’aveugle avec les dix doigts…) pour obtenir le brevet de secrétaire-comptable, grâce auquel j'ai pu terminer mon service militaire, bien planqué, comme secrétaire du trésorier à l’État-major du 8° RIT au Mont-Valérien.



Avec une pensée pour les copains de l'époque lavalloise, Jacques Riel, Martin Wendling et Philippe Raguenet de Saint-Albin. 
Sans oublier "Feu de broussaille"...