18/05/2017

Souvenirs de Libreville




Pour mon premier séjour au Gabon, je me souviens être arrivé à Libreville un mois après le coup d’état qui avait eu lieu dans la nuit du 17 au 18 février 1964. Des officiers de l'armée gabonaise s'étaient alors emparés des points névralgiques de la capitale et avaient arrêté le président Léon M'Ba. 

Léon M'Ba
"Le vieux", comme on l’appelait là-bas, avait alors été contraint de démissionner et de laisser la place à un comité révolutionnaire. Mais deux jours plus tard des troupes françaises, amenées par avion de Dakar et de Brazzaville, avaient jugulé la rébellion, libéré Léon M'Ba et l'avaient rétabli dans ses fonctions. 


Depuis, tout était rentré dans l'ordre. C'était à présent le calme plat, rien n'indiquait que des troubles s'était produits un mois plus tôt. On racontait toutefois qu'après leur reddition, les mutins avaient été sévèrement rossés à coups de chicote par Léon M'Ba en personne avant d'être jetés en prison. 


Bien que le Gabon soit situé près du zéro équatorial, je trouvais en débarquant à Libreville que la chaleur n'était pas aussi humide et débilitante qu'à Douala. 



L'hôtel du roi Denis, situé à deux pas du quartier administratif et commercial, et à l'époque considéré comme le "palace" de Libreville, appartenait, tout comme l'hôtel du Chari où j'avais logé à Fort-Lamy, à la chaîne des Relais Aériens Français. Du hall de réception, au bar, à la salle de restaurant gastronomique et aux chambres, tout l'intérieur était lambrissé de bois, la principale richesse du pays.





Le premier soir, je profitais d'une fraîcheur toute relative en sirotant un whisky au bord de la piscine de l'hôtel avant l'heure du dîner, quand mes yeux obliquèrent vers une table voisine où venait de s'installer un jeune couple. J'avais entendu chuchoter près de moi : 
- C'est Marina Vlady et Jean-Claude Brouillet… 
Je reconnus effectivement le joli minois de l'actrice d'origine russe que j'avais admirée sur une couverture de "Paris Match" et au cinéma dans des films comme "Toi le venin" ou "Les salauds vont en enfer".






La belle était en compagnie de son nouveau mari, un ancien pilote de brousse, propriétaire de la compagnie aérienne Transgabon qu'il avait fondée quelques années plus tôt et qui assurait une grande partie des vols intérieurs du pays. 



Marina Vlady avait fait la connaissance de Jean-Claude Brouillet lors du tournage au Gabon du film "La cage", réalisé en 1962 par Robert Darène, dans lequel elle était l'interprète principale dans le rôle d'Isabelle, la Mamy Watta.








Masque Bakota

 Pierre de Mbigou



Vieille femme Mpongwé (Les Mpongwé sont les premiers habitants de Libreville)

A Libreville, puis à Port-Gentil où je devais ensuite me rendre, je n'ai eu affaire à aucun importateur africain. Le marché y était monopolisé par les classiques grandes compagnies, la SCOA dont les agences locales portaient le nom de CCDG (Compagnie Commerciale du Gabon), l'éternelle CFAO, les établissements Hatton & Cookson dépendant de la Compagnie du Niger Français. Auxquelles il fallait ajouter la SHO (Société du Haut-Ogooué) dont j'avais visité le bureau d'achats située sur la célèbre avenue des Champs-Élysées avant mon départ pour l'Afrique, la Compagnie Hollando-Africaine, la maison Paris-Gabon, la Somaga, la CECA, sans oublier les Magasins Gabonais Modernes que j'irai visiter plus tard à Bitam, dans le nord du pays...

La poste de Libreville
















Je me souviens être sorti un soir au "Papagayo", la boîte de nuit alors à la mode à Libreville, une sorte d'immense paillote installée à mi-chemin entre le centre ville et l'aéroport, près de la plage aux cocotiers.







Avec mon meilleur souvenir à la famille Turmeau qui tenait le restaurant renommé de "l'aviation" et m'avait si bien reçu lors de mon premier séjour à Libreville.