16/09/2018

Découverte du musée de Lodève




Patrie du cardinal de Fleury qui fut précepteur puis premier ministre du roi Louis XV, et dont l'hôtel particulier abrite le musée dont il est question ici, Lodève, petite ville d'environ 7000 habitants, est située dans le département de l'Hérault, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Montpellier. 





Restructuré et agrandi après quatre années de fermeture pour travaux, le Musée d’art moderne, d’archéologie, de paléontologie et de sciences naturelles de Lodève, fondé en 1957 et installé dans l'hôtel du cardinal de Fleury en 1987, a ré-ouvert le 7 juillet dernier. Il mêle désormais une architecture du XVIIe siècle et des aménagements très contemporains pour offrir au visiteur un voyage à travers les siècles. 



Dès l'entrée, près de la salle de passage/librairie/boutique, trône une statue monumentale de quatre mètres de hauteur, représentant un Faune sculpté dans la pierre brute en 1920 par Paul Dardé, l'enfant du pays. 



Cette sculpture sert de fil conducteur vers l'exposition temporaire de l'été 2018 intitulée "Faune fais-moi peur"


Des images parfois dérangeantes du Faune de l'Antiquité à Picasso que je n'ai personnellement pu apprécier que grâce à la qualité exceptionnelle de notre guide. 
Près de deux cent œuvres sont présentées dans cette expo, dont certaines ont été prêtées par les musées du Louvre, d'Orsay ou du musée Picasso de Paris. 

Texte relevé sur le mur d'une des salles :
En écho au monumental faune de Paul Dardé (1888-1963), l'exposition propose un dialogue entre œuvres d'époques et de techniques différentes. Elles évoquent les multiples facettes de cet être mystérieux, hybride, espiègle, érotique… Figure mythologique, le faune apparait sur les vases grecs au début du VI° siècle avant J.-C. Doté d'un corps hybride, d'une sexualité débordante, il fascine depuis toujours les artistes. 
Le couple formé d'une nymphe et d'un faune, est particulièrement exploité dans la peinture des XVII° et XVIII° siècles, pour traiter du thème de la poursuite sexuelle. Après le milieu du XVIII° siècle, le faune est présent dans des scènes exprimant la joie de vivre, délivrée des soucis et des convenances. Les acteurs de ces scènes pastorales s'adonnent aux plaisirs bachiques du vin, de la danse, de la musique et de l'amour. 
Les artistes du XIX° siècle ne s'intéressent eux pas uniquement au caractère pastoral du mythe, mais voient dans le sujet, l'opportunité d'un traitement plastique du nu à la fois masculin et féminin. Certains artistes dont Paul Dardé au début du XX° siècle, s'approprient la figure du faune pour l'incarner au gré de leur imagination. Les faunes facétieux de Picasso, rythment le parcours et révèlent l'influence de l'Antiquité et de la mythologie sur l'artiste.


Vase de la Grèce Antique

Nymphe enlevée par un faune, par Cabanel

Faune musicien de Picasso

Même Chagall s'y est mis...


 
Le visiteur fait ensuite une immersion dans le fond d’atelier de Paul Dardé (1888-1963). Joyaux du musée, ses œuvres dévoilent les différentes phases de l’artiste, parfois douces, tantôt démentes. Nez busqués, bouches charnues, les visages sculptés par Paul Dardé ont une identité marquée. 



"Méduse" ou "L'éternelle douleur"





Enfin, l’un des trois itinéraires proposés par la nouvelle muséographie nous emmène dans les "Traces du vivant" où le visiteur fait un saut vertigineux dans 540 millions d’années d’histoire de la Terre et de la vie sur notre planète, illustrés à partir de fossiles, empreintes et contre-empreintes prélevés presque exclusivement sur le territoire du Lodévois et Larzac ! 
Le sujet, a priori un peu aride, devient, grâce à la muséographie superbe et le multimédia, une sorte de captivant scénario 3D des origines de la vie. 

L'arbre de la vie






Une belle visite très enrichissante.


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Vidéo montrant l'installation au Musée de Lodève du Faune de Paul Dardé :