C’est le titre de cette œuvre peu connue de Salvador Dali (1963), une huile sur toile de 175 x175 cm, exposée au Dalí Museum de
St. Petersburg, Florida (USA).
Et c’est pour moi l'occasion de rendre ici hommage à la mémoire de l’aîné de notre fratrie. Il s’appelait Stanislas (Stanisław en polonais), la tradition voulant que le premier né d'une famille porte le prénom de son père. Nos parents l’appelaient par son diminutif Stachu qui se prononce "sta-kou" et que j’avais transformé en "Tacot" lorsque j’ai commencé à parler, car mon grand frère avait déjà dix ans à ma naissance.
Je n’ai pas tellement de souvenirs de lui. Dix années de différence, ça faisait beaucoup !
Je sais qu'il avait été un excellent élève à l’école Paul Bert de Chatou et qu'après avoir passé le BEPC, il avait été brillamment reçu au concours d'entrée à l’École Nationale Professionnelle de St. Ouen, ce qui lui avait permis d'entrer directement en classe de deuxième année.
Je me souviens qu’au moment de partir faire son service militaire, Tacot semblait mal dans sa peau. Quelque temps plus tôt, il avait abandonné ses études pour je ne sais quelle raison et avait trouvé un petit boulot chez Berthier, un mécanicien-auto installé à Rueil-Malmaison, entre le pont de Chatou et la fonderie Cromback.
Le soir, lorsqu'il rentrait du travail, il montait se réfugier dans sa chambre où il retrouvait ses bouquins, ses planches de papier bristol et son encre de Chine. Car il avait un très bon coup de crayon. Féru d'histoire et fortement influencé par Auguste Raffet, l'un des principaux illustrateurs de la légende napoléonienne...
... et s'inspirant du style de le Rallic, il avait entrepris la réalisation d'une bande dessinée dont l'action se passait pendant la période Révolution-Empire.
Dans la semaine, on ne le voyait qu’aux heures du repas et quand maman lui demandait ce qu’il avait fait dans la journée au garage, il répondait invariablement "Rodages de soupapes et décalaminages de culasses..." Je ne savais pas de quoi il s’agissait, mais ça avait l’air de le déprimer.
Le dimanche, il fréquentait le Musée de l’Armée aux Invalides pour se documenter.
Mais il était devenu maussade, ténébreux. En 1950, il avait proposé ses planches dessinées à Marijac, le patron de Coq Hardi. Sans succès malheureusement et il en éprouva une grande désillusion.
Et peut-être avait-il des peines de cœur. Sonia, la jolie brunette dont il avait le béguin, l’aurait-elle éconduit parce qu’il n’avait pas une assez bonne situation ?
Quand Tacot a décidé de rester dans l’armée après son service militaire, je me souviens de la désolation de maman.
J’avais alors douze ans. C’est à partir de ce moment que j’ai le sentiment d'avoir perdu mon frère aîné.
Le soir, lorsqu'il rentrait du travail, il montait se réfugier dans sa chambre où il retrouvait ses bouquins, ses planches de papier bristol et son encre de Chine. Car il avait un très bon coup de crayon. Féru d'histoire et fortement influencé par Auguste Raffet, l'un des principaux illustrateurs de la légende napoléonienne...
... et s'inspirant du style de le Rallic, il avait entrepris la réalisation d'une bande dessinée dont l'action se passait pendant la période Révolution-Empire.
Illustration d’Étienne Le Rallic |
Dans la semaine, on ne le voyait qu’aux heures du repas et quand maman lui demandait ce qu’il avait fait dans la journée au garage, il répondait invariablement "Rodages de soupapes et décalaminages de culasses..." Je ne savais pas de quoi il s’agissait, mais ça avait l’air de le déprimer.
Le dimanche, il fréquentait le Musée de l’Armée aux Invalides pour se documenter.
Mais il était devenu maussade, ténébreux. En 1950, il avait proposé ses planches dessinées à Marijac, le patron de Coq Hardi. Sans succès malheureusement et il en éprouva une grande désillusion.
Et peut-être avait-il des peines de cœur. Sonia, la jolie brunette dont il avait le béguin, l’aurait-elle éconduit parce qu’il n’avait pas une assez bonne situation ?
Quand Tacot a décidé de rester dans l’armée après son service militaire, je me souviens de la désolation de maman.
J’avais alors douze ans. C’est à partir de ce moment que j’ai le sentiment d'avoir perdu mon frère aîné.
Stachu
Jam cię przecież kochała
I swe serce ci dałam
Wróć do mnie, wróć...
*
Sonia et Stachu, ses deux enfants, dans les années 50 |
Bien des années plus tard, j'apprendrai que mon frère aîné était mort un an après le décès de son fils.
J'espère qu'ils reposent en paix.
J'espère qu'ils reposent en paix.