L'histoire de cette chanson commence par une poésie qu'un soldat allemand nommé Hans Leip avait écrit à sa bienaimée pendant la première Guerre Mondiale. Par la suite, les strophes ont été mises en musique par un certain Norbert Shultze et la chanson, publiée en 1938, sera interprétée par la célèbre chanteuse allemande de l’époque Lale Andersen.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l’état major allemand fit diffuser la chanson sur Soldatensender Belgrad, une radio destinée aux forces armées allemandes émettant depuis les territoires occupés de Yougoslavie et assez puissante pour être reçue sur toute l'Europe et la Méditerranée.
Lili Marleen devint populaire non seulement auprès des troupes de la Wehrmacht mais également chez les soldats alliés. Si bien que la chanson, bientôt adoptée par les belligérants et les civils des deux camps, sera traduite et adaptée en plusieurs langues et deviendra une sorte d'hymne de la Seconde Guerre mondiale.
Les paroles françaises, ont été écrites par Henri Lemarchand à la demande de Suzy Solidor qui l’interprètera dans son cabaret "La Vie parisienne" dès l’année 1942.
Enfin, Marlène Dietrich en fera sa chanson-fétiche un peu avant la fin de la guerre, en 1944.
Je me souviens encore des paroles du pastiche de cette chanson que l’on chantait à la Libération dans la cour de récréation de l’école :
Devant la caserne
Un soldat all’mand
Qui montait la garde
Quand passe son commandant
"Il lui demande pourquoi pleures-tu ?"
Et il répond "Nous sommes foutus,
On a les Russes au cul
On a les Russes au cul..."
Et pour terminer, voici une émouvante adaptation de Lili Marlène et la magnifique interprétation d'Anne Vanderlove. C'est pour moi la plus belle version de la chanson.
Dans cette gare d'une ville inconnue
Où j'attendais un train qui n'est jamais venu,
Je n'suis ni blonde, ni de Berlin,
Pourtant il m'a pris les deux mains.
Chante-moi Lili Marlène...
Je n'avais pas le cœur à faire des manières.
J'ai bu un verre de vin, il a bu de la bière,
M'a parlé de guerres oubliées :
De son grand-père qui aimait
Lili, Lili Marlène...
Et de ce réverbère à l'angle de la rue
Qui frangeait de lumière leurs ombres éperdues,
De la mitraille et des obus
Dont il n'est jamais revenu,
Adieu Lili Marlène...
Dans cette gare oubliée dans la nuit,
Il a pleuré, j'ai pleuré avec lui.
Où s'en vont les ombres légères
De ceux qu'on aime de ceux qu'on perd ?
Et toi Lili Marlène...
On avait dans les yeux comme une pluie d'hiver,
Comme une solitude de vieux réverbères.
On a chanté pour son grand-père
Pour que son âme retrouve celle
De sa Lili Marlène...
La la la...
Et l'on a bu un autre verre
À l'absurdité de la guerre,
Et à Lili Marlène,
À toi Lili Marlène,
Adieu Lili Marlène...