"...Ce que Lili Marleen est aux Chleuhs, Katioucha l'est aux Russkoffs. Mais Lili Marleen est poignant, désespéré, cafardeux d'un cafard envoûtant et morbide. Lili Marleen pue la guerre d'avance perdue, le désespoir désiré. Lili Marleen est subtilement décadent, vénéneux comme un opium, défaitiste par son flou même...Katioucha, la Madelon des Russkoffs, c'est juste le contraire. Ça traine pas la patte. C'est pimpant, optimiste, concon, bonnes joues, sans problème. Et charmant. Surtout russe. Formidablement russe. Il faut avoir entendu cinquante voix sauvagement belles se soûler jusqu'aux larmes, jusqu'à la pamoison, en faisant des variations sur Katioucha... Les Russes chantent comme on fait l'amour. Comme on devrait faire l'amour : plus loin que l'orgasme, jusqu'à l'extase."
Ce chant patriotique russe a été composée par Matvey Blanter sur des paroles de Mikhail Isakovsky en 1938, à la veille de la deuxième guerre mondiale.
Pendant ce conflit, on donnera le nom de Katioucha (Katyusha) aux redoutables "orgues de Staline", ces lance-roquettes multiples utilisés par l'Armée rouge contre les troupes allemandes.
Mais revenons plutôt à la chanson Katioucha avec cette version française :
Les pommiers fleurissent la clairière,
Colorant le brouillard sur les eaux.
Katioucha dominait la rivière,
Et son chant planait sur les roseaux.
C’est le chant de l’aigle bleu des steppes;
Le soleil vers lui te guidera,
Vers celui dont elle garde les lettres,
Doux trésor précieux de Katioucha.
Vole au vent, vole chanson légère,
Vers celui qui au loin s’en alla,
Vers celui qui garde la frontière,
Porte le salut de Katioucha.
Des pommiers tombaient les feuilles mortes,
Et la neige recouvrait les monts,
Quand un jour arriva au kolkhoze,
La réponse ardente du soldat.
Les pommiers fleurissent la clairière
Colorant le brouillard sur les eaux.
Katioucha dominait la rivière,
Et son chant planait sur les roseaux.