04/01/2018

Makambo-Une vie au Congo



Je viens de relire ce bouquin paru en 1992. Un véritable régal !


En 1920, le jeune Jean de Puytorac s’embarque pour le Congo français. Il passe trois années à Brazzaville pour la Compagnie Française du Bas-Congo. Mais il ronge son frein. "Partir, connaître la brousse et son mystère, les Noirs libres, participer à la vie de ce pays, créer quelque chose là où il n’y a rien…"
Jean de Puytorac, dit Makambo, le "batailleur" en lingala, doté d’une force physique et morale à toute épreuve, se lance alors dans une exploitation forestière. En butte à l’incompréhension de tous, aux tracasseries de l’administration, il tente sa chance à M’Bondo, à quelques kilomètres au sud de l’équateur. Débrousser, construire la case, organiser la plantation, tout est à faire… Quand les récits de Gide, Céline ou Albert Londres contribuent à donner de l’Afrique une image littéraire, Makambo est l’histoire, restée inédite à ce jour, d’une intégration audacieuse et d’une rare réussite, l’itinéraire d’un homme soucieux de liberté, volontaire, qui pénètre la vie africaine sans préjugés, et qui laisse celle-ci influencer son destin.






Extrait choisi :
"Chez Mayo, le bar central, des Européens s'abreuvaient par petits groupes autour des tables. Je m'assis auprès de deux Portugais et me présentais selon l'usage. Le plus âgé se nommait Santos. Le second portait son casque en travers à la Napoléon : "Cunha Lopes", dit-il en me serrant la main. Il enleva son casque, épongea son crâne rose entouré d'une couronne de cheveux bruns. L'air gourmand, l’œil allumé, il décrivait l'effervescence qui régnait dans la ville. La spéculation y battait son plein dans de mirobolantes affaires. De simples manœuvres-maçons devenaient entrepreneurs et se hasardaient à monter des maisons à étages; des mécaniciens se déclaraient ingénieurs, des sans-diplômes ouvraient des cabinets dentaires, des sans-le-sou créaient des sociétés commerciales, ouvraient des boutiques, magasins, entrepôts, hôtels et restaurants, achetaient, troquaient, vendaient, commandaient, expédiaient et recevaient de tout, et la moindre boutique portait orgueilleusement sur son fronton les mots clefs "Commerce général", comme disait Cunha Lopes : "De l'épingle à cheveux à la locomotive!"...