31/05/2017

L’écharpe ♫

Chanson écrite, paroles et musique, par Maurice Fanon en 1963, suite à une séparation douloureuse avec sa bien aimée.




Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce souvenir de soie
Qui se souvient de nous
Ce n’est pas qu’il fasse froid
Le fond de l’air est doux
C’est qu’encore une fois
J’ai voulu comme un fou
Me souvenir de toi
De tes doigts sur mon cou
Me souvenir de nous
Quand on se disait vous

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce sourire de soie
Qui sourit comme nous
Souriions autrefois
Quand on se disait vous
En regardant le soir
Tomber sur nos genoux
C’est qu’encore une fois
J’ai voulu revoir
Comment tombe le soir
Quand on s’aime à genoux

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce soupir de soie
Qui soupire après nous
Ce n’est pas pour que tu voies
Comme je m’ennuie sans toi
C’est qu’il y a toujours
L’empreinte sur mon cou
L’empreinte de tes doigts
De tes doigts qui se nouent
L’empreinte de ce jour
Où les doigts se dénouent

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Cette écharpe de soie
Que tu portais chez nous
Ce n'est pas pour que tu voies
Comme je m'ennuie sans toi
Ce n’est pas qu’il fasse froid
Le fond de l’air est doux.


En souvenir de "Guiguite".

Le temps du tango ♫

 




Moi je suis du temps du tango
Où mêm’ les durs étaient dingos
De cett’ fleur du guinche exotique
Ils y paumaient leur énergie
Car abuser d’la nostalgie
C’est comm’ l’opium, ça intoxique
Costume clair et chemis’ blanche
Dans le sous-sol du Mikado

J’en ai passé des beaux dimanches
Des bell’s venaient en avalanche
Et vous offraient comme un cadeau
Rondeurs du sein et de la hanche
Pour qu’on leur fass’ danser l’tango!

Ces môm’s-là, faut pas vous tromper
C’était d’la bell’ petit’ poupée
Mais pas des fill’s, ni des mondaines
Et dam’, quand on a travaillé
Six jours entiers, on peut s’payer
D’un cœur léger, un’ fin d’semaine
Si par hasard et sans manières
Le coup d’béguin venait bientôt
Ell’s se donnaient, c’était sincère
Ah! c’que les femmes ont pu me plaire
Et c’que j’ai plu! J’étais si beau!
Faudrait pouvoir fair’ marche arrière
Comme on l’fait pour danser l’tango!

Des tangos, y’en avait des tas
Mais moi j’préférais "Violetta"
C’est si joli quand on le chante
Surtout quand la boul’ de cristal
Balance aux quatre coins du bal
Tout un manèg’ d’étoil’s filantes
Alors, c’était plus Valentine
C’était plus Loulou, ni Margot
Dont je serrais la taille fine
C’était la rein’ de l’Argentine
Et moi j’étais son hidalgo
Oeil de velours et main câline
Ah! c’que j’aimais danser l’tango!

Mais doucement passent les jours
Adieu, la jeunesse et l’amour
Les petit’s mômes et les "je t’aime"
On laiss’ la place et c’est normal
Chacun son tour d’aller au bal
Faut pas qu’ça soit toujours aux mêmes
Le cœur, ça se dit : corazon
En espagnol dans les tangos
Et dans mon cœur, ce mot résonne
Et sur le boul’vard, en automne
En passant près du Mikado
Je n’m’arrêt’ plus, mais je fredonne
C’était bath, le temps du tango!


30/05/2017

Au feu !

Gilles Fradin, l’un de mes copains qui habitait à trois pas de chez moi, travaillait dans une agence bancaire de la rue de Provence à Paris. Traditionnellement, la banque organisait une fête pour son personnel à l’occasion de la présentation des vœux de nouvel an. Cette année-là, c’est un concert d’Alain Barrière, le chanteur à la mode, qui avait été programmé. Mon copain m’avait gentiment invité et c’est ainsi que dans la soirée du vendredi 8 janvier 1965, nous sommes allés applaudir l’auteur et interprète des grands succès d’alors, "Ma vie", "Plus je t’entends" ou "Elle était si jolie".





Ayant ensuite fait la tournée des grands-ducs, nous ne sommes rentrés qu’au petit jour le lendemain matin. Arrivé devant la maison, je vis un panache de fumée sortir de la fenêtre cintrée de la chambre mansardée du second étage. 




J’eus un mauvais pressentiment en mettant ma clé dans la serrure. Je suis entré et j’ai tourné sans résultat le commutateur. Pas de lumière. Les plombs avaient sans doute sauté. Dans le noir, j’ai traversé la cuisine puis la salle à manger. Dans l’une comme l’autre pièce du rez-de-chaussée, il n’y avait pas de flamme. Seulement une sorte de brouillard et une bizarre et irritante odeur âcre. De mémoire, je me suis dirigé vers la porte qui donnait sur l’escalier menant aux étages. Je l’entrouvris et dus aussitôt la refermer. La montée était envahie par une épaisse fumée opaque et suffocante qu’il était impossible de traverser sans risquer l’asphyxie.
Je n’avais pas le téléphone à cette époque et il ne me restait plus qu’à aller chez les pompiers à deux bons kilomètres de la maison. Accompagnés par les hurlements de leur sirène, ils sont arrivés sur place près de vingt longues minutes plus tard.
Tandis que l'un d'eux, équipé d’un masque à gaz, empruntait l’escalier pour grimper au premier étage, ses collègues, juchés sur la grande échelle, arrosaient copieusement l’intérieur avec une lance d'incendie, après avoir brisé les volets et les vitres et attaqué à la hache les montants des fenêtres. 
Il fallut plus d’une heure pour circonscrire l’incendie qui n’avait pas fait la moindre flamme…
La veille au soir, avant de partir, j'avais repassé, dans la chambre de ma mère qui me servait alors de dressing-room, la chemise que je voulais mettre pour aller au concert d’Alain Barrière. Et j'avais ensuite tout simplement oublié de débrancher mon fer posé sur son support métallique. Lequel support, chauffé au rouge jusqu’à l’incandescence, avait fini par traverser le molleton et la planche de la table à repasser pour se retrouver au sol avec le fer. Le parquet s’était ensuite mis à lentement se consumer. Lorsque le plancher fut réduit en cendres, la combustion se propagea au lit, au gros édredon de duvet, à la literie… Et tout ce qui avait échappé au feu était roussi par une fumée poisseuse et malodorante. Non seulement dans cette chambre, mais dans toutes les pièces de la maison. Meubles, linge, vêtements, tout, absolument tout avait été endommagé par le feu, par la fumée, par les coups de hache et par l’eau. En dehors des habits que je portais sur moi, il ne me restait plus rien.
Parmi les voisins réveillés par la sirène des pompiers et qui s’étaient attroupés devant la maison, certains semblaient déçus de n’avoir vu ni flammes ni cadavres calcinés. Seules mémée Babion et sa fille Marguerite dite Guiguite, la grand-mère et la mère de mon copain Gilles s'intéressèrent à mon sort.
- Tu ne peux pas rester ici. C’est devenu inhabitable. Tu vas venir loger chez nous. Tu partageras la chambre de Gilles.
Ainsi fut fait et je n'oublierai jamais... 
Dix jours plus tard je partais pour une grande tournée allant du Sénégal jusqu'à Madagascar. 
A mon retour, je m'installai dans un nouveau logement tout neuf dans les hauts de Chatou.





***


RIP

29/05/2017

Bons baisers de Londres


J'ai découvert Londres lorsque j'y suis allé en décembre 1964 faire du shopping avant les fêtes de Noël en compagnie d'une dame dont j'avais fait la connaissance lors de ma première tournée africaine.



Agent de fabriques, Maryse Sanchis voyageait comme moi en Afrique. Son appartement-bureau était situé à Paris, rue Joseph Sanbœuf, près de la gare Saint-Lazare, 
De vingt ans mon aînée, c'était une jolie femme blonde, dynamique et célibataire. Son timbre de voix me faisait penser à celui de Juliette Greco. 



Je lui avais "tapé dans l'œil" quand nous nous étions rencontrés en Afrique noire où nous avions des clients communs et nous nous sommes beaucoup aimés à Douala au Cameroun. 
Lorsque nous nous sommes retrouvés par la suite à Paris, j'ai failli tout quitter pour travailler avec elle.
Et puis, il a fallu qu'elle aille au club Med à St-Moritz d'où elle est revenue avec un nouveau "Jules"...






Piccadilly Circus 1964








ADDENDA


Je découvre, 55 ans plus tard, que le véritable prénom de Maryse était Marguerite. Elle avait dû trouver que Marguerite ou Margot ne faisaient pas assez "classe"... 
En en tout cas, je constate qu'elle a vécu 94 ans. Ça conserve d'être une grande baiseuse... 
Repose en paix Maryse.








28/05/2017

Ułany, ułany siwe konie macie ♫


Vieille chanson militaire polonaise. J'ai entendu si souvent ma mère la fredonner à la maison que j'en connais toujours les paroles par cœur.
 

La voix n'est pas terrible... 
Si l'un de mes lecteurs du blog possède un enregistrement MP3, je suis preneur. Merci !



Ułany, ułany
Siwe konie macie
Pojadę ja z wami
Pojadę ja z wami
Jednego mi dacie.

Oj moja dziewczyno
Żal mi cię, żal mi cię
Wsiadaj na konika
Wsiadaj na konika
Wezmę cię, wezmę cię.

Wsiadaj na konika
Wsiadaj na białego
Pojedziesz ty znami.
Pojedziesz ty z nami
Dla swego miłego

















***


Une Mère Polonaise


Ma mère est née le 1er juin 1906 en Pologne alors sous domination autrichienne, à Dulcza Mała, petit village situé entre Tarnow et Mielec dans le palatinat de Cracovie. Elle y a vécu jusqu'à son départ pour la France en 1928.


Elle avait quatre frères dont le plus jeune s'appelait Franek (François). C'était son préféré, d'où peut-être la raison du choix de mon prénom...
Je ne sais pas grand chose de ses parents, si ce n'est qu'elle avait adoré sa grand-mère qui aurait vécu jusqu'à l'âge de cent ans. Quant à sa mère, elle avait dû être veuve et remariée puisque son fils aîné (mon oncle et parrain) s'appelait Szach tandis que le nom de famille des autres frères de maman ainsi que son nom de jeune fille était Ostręga.

Maman était allé à l'école de Radomyśl Wielki, le gros bourg voisin,...



... mais si j'ai bien compris, elle avait souvent fait l'école buissonnière et fréquenté des tziganes du coin qui lui auraient enseigné, entre autres, à lire l'avenir dans les cartes. 

Il y avait beaucoup de zones d'ombres dans l'histoire de sa jeunesse et elle parlait difficilement de sa venue en France en 1928...


... et je n'ai jamais su pourquoi ni comment elle était arrivée à Brain-sur-Allonnes, ville du Maine et Loire dans l'arrondissement de Saumur. Mais je suppose que ce n'était pas pour mener la vie de château à la Coutancière où l'on dit que la comtesse de Montsoreau aimait jadis recevoir la noblesse d'Anjou et de Touraine.


Je ne sais pas plus comment elle s'est ensuite retrouvée en proche banlieue parisienne où elle a rencontré puis épousé celui qui sera mon père.


Veuve à moins de quarante ans, maman a élevé seule trois garçons pas toujours faciles. 
C'était une femme autoritaire, intelligente et très courageuse. A tous les sens du terme. Travailleuse infatigable, elle se levait chaque jour avant six heures du matin et allait rarement au lit avant minuit. 
Elle n'avait peur de rien et savait tout faire : jardiner, couper du bois, coudre, tricoter, raconter des histoires, inventer des dictons, tuer une poule ou un lapin qu'elle élevait dans son poulailler...
Excellente cuisinière et pâtissière, elle nous faisait régulièrement des pierogi typiquement polonais, des pączki ou ces faworki qu'elle avait rebaptisés "queues en tire-bouchon".



Si elle restait assez discrète sur ses années de jeunesse, ma mère aimait toutefois parler de la guerre soviéto-polonaise de1919-1921 qui l'avait beaucoup marquée. Elle évoquait alors les incursions cosaques dans son village natal et vouait une haine farouche aux bolchéviques. 



Maman était très croyante, mais à sa manière. Elle n'allait pratiquement qu'à la messe de minuit à Noël. Elle m'a toutefois demandé deux ou trois fois de l'accompagner à l'église polonaise de Paris, située à l'angle de la rue Saint-Honoré et de la rue Cambon. 

L'église polonaise de Paris

Et à la fin de la messe, lorsque tous les fidèles entonnaient "Boże, coś Polskę", chanson patriotique catholique polonaise, je la voyais essuyer ses joues inondées de larmes. 



A la maison, je l'ai toujours entendue chanter, comme pour se donner du courage. Tout particulièrement cette autre chanson patriotique composée en 1914 par un certain Feliks Gwizdz du "4° Pulku Legionow Polskich", qui lui rappelait manifestement des souvenirs de jeunesse : 

 
"Przybyli ułani pod okienko" est par ailleurs le titre d'un tableau (huile sur toile, 50x40cm) de Jerzy Kossak où l'on voit une isba ressemblant à celles de Dulcza Mała à l'époque où ma mère y vivait...








***


Maman à Brétigny


Maman à Carrières


Une grand-mère heureuse avec Sonia et Stanislas, les deux seuls petits-enfants qu'elle a connus


Tombée gravement malade à la fin de l'année 1962, maman a été hospitalisée et n'est jamais revenue à la maison.
Je n'avais pas encore terminé mon service militaire.

Photo prise en 1960


Spoczywaj w spokoju, Matka. 

 

27/05/2017

Souvenirs de Brazzaville


Pour mon premier séjour en avril 1964 dans la capitale du Congo, ma chambre avait été réservée au Grand-Hôtel. L’établissement était alors tenu par un couple de Belges venus du Katanga. En 1960, pour fuir les exactions commises par les Simbas envers les blancs, ils avaient traversé le fleuve Congo et s’étaient réfugiés à Brazzaville, sur l'autre rive. 


Lorsque je suis revenu à Brazzaville à la fin de cette même année 1964, le Grand-Hôtel était occupé par des Chinois avec lesquels le gouvernement marxiste de Massamba-Debat s'était rapproché. 
Je logerai donc désormais aux Relais Aériens de Maya-Maya. 



Le Grand-Hôtel avait l’avantage d’être situé dans le quartier commercial, entre la gare centrale du CFCO,...


... la cathédrale Sainte-Anne-du Congo...



... et la rue qui allait du Monoprix à la Poste, dans l’ancien secteur de la communauté portugaise.





C’est sur cette artère, dont j'ai oublié le nom, que se trouvaient les banques, les Compagnies aériennes, les maisons d’import-export comme Perris ou Marquès et des magasins renommés comme l'épicerie Assanakis et quelques clients que je devrais visiter. 


Tout au bout de la rue, l’avenue Amilcar Cabral longeait le fleuve Congo qui étalait ses eaux sur lesquelles flottaient d’envahissantes jacinthes d’eau. 


En face, de l’autre côté du fleuve, on pouvait voir Léopoldville, la capitale du Congo-belge. 


 Puis c’était le quartier du Plateau avec l’avenue Foch et ses arcades et ses beaux magasins, au bout de laquelle se trouvait la maison Altex, dont le propriétaire, un dénommé Belly possédait également le Pam-Pam, le bar-restaurant à la mode. 







Je me souviens de l'immeuble de 8 étages "La Paternelle" au pied duquel se trouvait le "Central bar" tenu dans les années 60 par la plantureuse Edmonde-Maria Nunez.



Je me souviens encore du Beach, une boîte de nuit dirigée par la compagne d'un certain Jésus, l'un de mes clients de Pointe-Noire,...



L'ancêtre du "Beach" que j'ai connu dans les années 60

... du bâtiment moderne de la mairie de Brazzaville,...


... du quartier de Poto-Poto avec ses rues ensablées, son marché et sa célèbre école de peinture,...




 ... et enfin de l'aéroport de Maya-Maya.