14/05/2017

Souvenirs de Douala


Parmi mes souvenirs, il y a tout d'abord les tracasseries administratives, le Cameroun étant par exemple le seul pays d'Afrique francophone qui exigeait un visa d'entrée sur son territoire aux ressortissants français. 


Puis, ce fut l'atmosphère poisseuse de buanderie que j'ai trouvée à Douala quand je suis arrivé la première fois dans la capitale économique du Cameroun. Une chaleur torride, humide, parfois difficile à supporter.

Je me souviens ensuite de l'hôtel Akwa Palace, mon premier pied-à-terre à Douala.




Agip - la station de mon copain Auguste Manganiotis, située en face de l'Akwa Palace


Professionnellement, je garde le souvenir des nombreuses sociétés d'import-export grecques avec lesquelles j'ai travaillé, comme les maisons Tsékénis, Kritikos, Rossidès, Mavromatis, Despotakis, Assanakis ou Paterson Zochonis. Ces commerçants grecs et les grandes compagnies étaient concurrencés par les Bamilékés, un peuple très actif, enrichi par un sol généreux où il avait développé des plantations de café, cacao, thé et bananes. 




Reconnus pour leur sens légendaire de l'épargne, les Bamilékés représentaient près de la moitié de la population de Douala où ils avaient fait main basse sur la presque totalité du commerce. Quelques uns, Samuel Kouam, Joseph Kadji Defosso, Luc Monthé, Victor Fotso, Kontchupe ou Maurice Kamgaing, possédaient d'ailleurs de florissantes affaires commerciales.


Je me souviens du pont sur le Wouri d'où l'on peut espérer voir le Mont Cameroun qui dresse ses 4100 mètres d'altitude lorsque le sommet du volcan n'est pas masqué par des nuages.

Le pont sur le Wouri

Construit à l'époque coloniale et inauguré en 1955, le pont du Wouri était l'un des plus longs ponts d'Afrique. Il reliait Douala à Bonabéri et ses bananeraies, puis la route menait ensuite à n'Kongsamba, en pays bamiléké et au Cameroun occidental anglophone. 


Douala, au bord du Wouri - mars 1964

Je me souviens de Manu Dibango qui tenait en 1964 le "Chantaco", une boite nuit située sur la route de l'aviation. Il n’était alors pas encore le saxophoniste mondialement connu qu’il est devenu... 



Deux ou trois ans plus tard, je l’ai retrouvé dans une autre boîte (dont j'ai oublié le nom) de la rue Pau, en plein quartier chaud de Douala, le fameux quartier Mozart, derrière l'Akwa Palace. 

Les dames de la rue Pau









Je me souviens de notre installation en 1969 dans une magnifique villa toute neuve, sur l'avenue de Gaulle près de l'Aviation, pour permettre à mon épouse de retrouver la vie qu'elle avait toujours connue en Afrique. 
Je me rappelle nos escapades à Victoria, dans la partie anglophone du Cameroun...



... ou à N'Kongsamba, Bafoussam ou Foumbam, en pays bamiléké.




Route de "l'aviation"

Mais mon plus beau souvenir de Douala restera la naissance de mon fils Frédéric. J'étais alors le plus heureux des hommes. J'avais un job formidable et mon adorable épouse m'avait donné le plus beau bébé du monde.







Et puis, cette même année, il y a eu cette cargaison de bière Breda frelatée que la brasserie que je représentais n'a jamais voulu rembourser aux importateurs...



... tous les problèmes qui s'en suivirent m'ont finalement amené à quitter définitivement le Cameroun.


Adieu Douala !